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- Lutte ouvrière n°1989
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Leur société
"Service civique" : De droite à gauche, un langage commun
Sarkozy, à droite, et Ségolène Royal, à gauche si on ose dire, se retrouvent une fois encore pour défendre l'idée d'un "service civique". Comment cela s'appliquerait-il, à quelles tâches, pour combien de temps, dans quel cadre, ni Sarkozy ni Royal ne le précisent.
Pourtant, il pourrait s'agir d'une proposition de bon sens, tant il y a de besoins dans la société où des jeunes, et même des moins jeunes, pourraient être utilement employés -et payés correctement- par l'État. Dans les hôpitaux; dans les services à domicile aux personnes âgées, malades; dans l'enseignement, pour surveiller, accompagner, aider les enfants, à l'école ou à la maison, etc. Les besoins existent et sont considérables, d'autant plus importants qu'il y a carence de l'État dans tous ces domaines.
Consacrer quelques mois de sa vie à des tâches utiles à l'ensemble de la communauté devrait même aller de soi dans une collectivité humaine où tout le monde serait soucieux de participer au bien commun et aux bonnes conditions de vie collective.
Mais dans la bouche d'un Sarkozy et d'une Royal, partisans de cette société fondée sur la loi du fric, dont les valeurs sont l'individualisme, et qui sont insensibles à la détresse dans laquelle se trouvent plongés des millions de chômeurs -et en particulier les jeunes chômeurs-, des travailleurs précaires, des retraités devant survivre avec quelques centaines d'euros, parler de "service civique" en invoquant les grands principes de solidarité, c'est jouer avec les mots.
Dans l'esprit de l'une et de l'autre, il ne peut s'agir, pour les quelque 300000 jeunes concernés, volontaires ou contraints à un tel service, que d'une mesure pour les faire sortir -provisoirement- du marché de l'emploi, c'est-à-dire des statistiques du chômage... sinon d'une technique d'embrigadement, ou comme le dit avec plus de retenue et plus d'hypocrisie Ségolène Royal, d'"encadrement" de la jeunesse.