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- Lutte ouvrière n°1989
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Dans les entreprises
Chaffoteaux - Saint-Brieuc (22) : Pointeuses et chronos ne sont pas les bienvenus!
Un plan de restructuration et de suppressions d'emplois touchant 56 salariés parmi le personnel administratif, des bureaux d'études mais aussi des caristes et des professionnels de maintenance, est en cours à l'usine Chaffoteaux à Ploufragan, près de Saint-Brieuc. Vingt-cinq postes ont été supprimés fin juillet et neuf licenciements ont été prononcés; les autres doivent suivre en fin d'année 2006 et en 2007.
Pourtant, ça ne suffit pas aux patrons. Au retour des vacances, la direction générale du groupe MTS, propriétaire de l'entreprise Chaffoteaux et Maury, vient d'annoncer plusieurs mesures qui devraient renforcer un peu plus l'exploitation des travailleurs sur le site de Ploufragan.
D'un côté, elle a décidé de réintroduire le pointage journalier pour tout le personnel, et de l'autre, elle remet en service les chronos dans les ateliers.
Début octobre huit pointeuses vont être installées dans les ateliers et les bureaux. Il faudra badger en tenue de travail en début et en fin de poste, non pas à l'entrée et à la sortie des vestiaires, mais presque au pied des machines. Les patrons prétendent qu'il s'agit d'un procédé moderne, alors que le pointage avait disparu depuis plus de 25 ans dans l'usine. C'est la même chose pour le retour du chronométrage. Pendant des années, il avait été remplacé par d'autres méthodes de calcul des temps censées mieux prendre en compte les conditions de travail. En réalité, l'amélioration des conditions de travail n'était que prétexte car dans le même temps les maladies liées à la répétition des mêmes mouvements et à l'intensification du travail ont explosé. Rares sont les travailleurs à ne pas souffrir de tendinites et autres maux liés à l'augmentation des cadences.
Les patrons se moquent de notre santé, mais pas de leurs profits. C'est la raison pour laquelle ils ont décidé de recourir au chronométrage, sans s'embarrasser de considérations sur les conditions de travail. Et les objectifs sont clairement définis: pour les actionnaires, il faut diminuer les coûts de 20%. L'ambition du groupe MTS est de passer rapidement de la cinquième place à la troisième au plan européen, comme fabricant d'appareils de chauffage. L'introduction du groupe en Bourse en serait ainsi facilitée.
Voilà le discours que la direction de Chaffoteaux nous a tenu en cette reprise après les congés. Des réunions de motivation de l'encadrement ont eu lieu avec un "coach" italien qui est un ancien entraîneur d'une équipe de basket de Milan. On ne sait pas s'il a réussi à motiver l'encadrement, mais plusieurs de ses membres se sont déjà illustrés par des réflexions sur notre insuffisance de rendement.
Résultat: vendredi 8 septembre, le personnel de l'atelier Montage chaudières a répondu à leurs provocations par un premier débrayage. Lundi 11 septembre, la direction s'étant fendue d'une note de service voulant interdire désormais les réunions d'information entre les salariés et les délégués, la réaction ne s'est pas fait attendre: il y a eu un nouveau débrayage, suivi cette fois par la majorité du personnel présent.
Ces actions ne seront certainement pas suffisantes pour stopper l'offensive des patrons. Mais ces deux débrayages, à peine trois semaines après la reprise du travail, montrent que le personnel de l'usine n'a pas l'intention de s'en laisser compter sans réagir.