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République démocratique du Congo (ex-Zaïre) : Des élections sur fond de pillage impérialiste
Il n'aura fallu que trois semaines après le premiertour des élections présidentielles en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) pour qu'éclatent de nouveaux affrontements. À l'occasion de la proclamation des résultats, le 20 août, les bandes armées des deux principaux candidats -Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba- se sont affrontées pendant plusieurs jours. Certes une trêve s'est instaurée quelques jours plus tard mais elle semble bien précaire et il n'est pas certain que le second tour se déroulera comme prévu le 29octobre.
Il faut dire que les immenses ressources minières du pays sont l'objet de convoitises entre différents groupes capitalistes qui s'appuient sur des bandes armées parfois unies, et le plus souvent rivales.
En République démocratique du Congo, ex-Zaïre, ex-Congo belge, le premier tour des élections présidentielles, le 30juillet, a été marqué par l'omniprésence militaire des grandes puissances. La mission de l'ONU pour le Congo (Monuc) y déploie en permanence 17500 casques bleus, le contingent le plus important au monde. L'Union européenne avait décidé de son côté d'envoyer deux mille hommes supplémentaires en provenance de dix-neuf États membres ainsi que de la Turquie, pour surveiller le bon déroulement des opérations.
Les gouvernements, comme à l'accoutumée, ne sont pas bavards sur les raisons réelles de leur intervention. L'ambassadeur de Belgique à Kinshasa, la capitale du pays, avait déclaré évasivement qu'une force militaire au Congo «rapporterait pas mal de choses» à l'Union européenne. Franz-Joseph Jung, ministre de la Défense allemand, a été plus précis, expliquant que la mission militaire serait avantageuse pour les «marchés internationaux», ajoutant que la «stabilité dans cette région riche en matières premières serait profitable à l'industrie allemande».
Or justement, le problème des puissances comme la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, mais aussi la France, l'Allemagne, les États-Unis, etc., c'est d'assurer la stabilité d'un État offrant à leurs grands groupes capitalistes les conditions les plus favorables possibles pour poursuivre le pillage des richesses minières du pays commencé il y a plus d'un siècle avec la colonisation belge.
La Belgique avait dû, à son corps défendant, accorder l'indépendance du Congo en 1960. Elle eut recourt à l'assassinat politique et à une vaste répression pour briser les conflits sociaux et le mouvement nationaliste. Elle instaura, avec l'aide de la France et des États-Unis, la dictature de Mobutu, qui prit le pouvoir en 1965, un régime profondément corrompu et au service des intérêts miniers des grandes puissances. La France a soutenu jusqu'au bout ce dictateur, tandis que les États-Unis misaient déjà sur Laurent-Désiré Kabila, entré en rébellion, qui prit effectivement le pouvoir en 1997. Les sociétés américaines marquèrent alors des points au détriment de leurs concurrentes françaises. Mais l'année suivante, une nouvelle rébellion se transforma en guerre, avec une généralisation des pillages et des massacres de populations. Des groupes rebelles soutenus par les différents États voisins, comme l'Ouganda, le Rwanda, l'Angola et le Zimbabwe, qui plus est rivaux entre eux, cherchèrent à se tailler un morceau dans les richesses de ce pays grand comme l'Europe des quinze, où les infrastructures ont pratiquement disparu. Les victimes se sont comptées par millions, du fait des violences des innombrables groupes armés, des maladies, de la malnutrition.
En décembre 2002, un accord de paix prévoyant la tenue d'élections dans un bref délai fut signé entre les principales composantes de la rébellion et Joseph Kabila, qui avait succédé à son père assassiné l'année précédente. Il est possible que ce dernier ne se soit pas montré aussi docile que l'impérialisme américain l'aurait souhaité.
Officiellement, le conflit a donc cessé depuis, mais pas les exactions dont est victime la population de la part des bandes armées. Le fait que le premier tour des élections ait pu avoir lieu ne signifie pas plus la fin de son cauchemar.
Arrivé en tête des candidats, Joseph Kabila est crédité de 44,81% des voix. Avant le scrutin, il avait fait preuve de bonne volonté pour signer avec des groupes miniers des contrats tout à leur avantage. Le candidat arrivé en second, avec 20,03% des voix, dont les bandes armées se sont affrontées avec celles de Kabila le 20 août, est Jean-Pierre Bemba, fils du chef de file du patronat de Kinshasa. Ces dernières années, il s'est approprié un immense territoire dans le nord du Congo, plus vaste que l'Allemagne. Il a vidé les coffres des banques au fur et à mesure que ses troupes s'emparaient des villes, pillant les ressources agricoles et pressurant les paysans, ce qui eut comme conséquence un appauvrissement sans précédent de cette région.
Mais les puissances impérialistes qui ont déjà parrainé un Mobutu pendant des décennies ne sont pas regardantes sur celui qui sera le nouveau chef d'État dès lors que celui-ci protègera leurs intérêts miniers et pétroliers de façon un tant soit peu plus stable que ce que le Congo connaît depuis des années.