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Dans le monde
Liban : Un pays ravagé et toujours sous la menace israélienne
À peine plus de deux semaines après l'arrêt des combats, alors que la population du Liban subit toujours les conséquences du mois de guerre menée par Israël sur son territoire, la trêve est d'autant plus fragile que, malgré le cessez-le-feu, la menace représentée par la politique israélienne dans la région n'a pas disparu.
Le blocus aérien et maritime mis en place lors du déclenchement des opérations militaires est toujours maintenu, aucun avion ne pouvant atterrir, aucun bateau accoster sans le contrôle de l'armée israélienne. Israël se refuse à la levée du blocus tant que les troupes onusiennes ne sont pas déployées le long de la frontière libano-syrienne, dans l'espoir de rendre plus aléatoire l'approvisionnement en armes des milices du Hezbollah.
Quant à la zone prise en charge par l'ONU et progressivement occupée par les troupes de la Finul, au fur et à mesure de leur arrivée, il s'agit bel et bien d'une partie du Liban-Sud, une bande large d'une dizaine de kilomètres aux confins d'Israël, mais non d'une zone démilitarisée qui serait située de part et d'autre de la frontière commune. Entre-temps, ce sont surtout des troupes libanaises qui se sont déployées dans le sud, répondant aux pressions exercées sur le gouvernement de Beyrouth pour qu'il limite la présence armée du Hezbollah dans cette zone. Nasrallah, le dirigeant du parti islamiste, s'est d'ailleurs officiellement engagé à «lui faciliter la tâche» et à faire «preuve d'une totale coopération».
Rien ne prouve, cependant, que les milices chiites ne se sentiront pas légitimées à riposter à d'éventuelles attaques venant d'Israël, qui n'a pas hésité à violer le cessez-le-feu, comme dans la plaine de la Bekaa, à l'est du pays, sous prétexte d'empêcher un transfert d'armement vers le Hezbollah. D'autres incursions aériennes israéliennes se sont également produites, en rupture de la trêve.
Au travers de sa tournée entamée au Proche-Orient, le secrétaire des Nations unies, Kofi Annan, prétend jouer un rôle dans la consolidation de la cessation des hostilités. À ce titre, il demanderait une levée du blocus israélien et poserait la question des «fermes» de Chebaa, petit territoire libanais situé aux confins du Liban, de la Syrie et d'Israël et occupé par ce dernier depuis 1967. Quant aux prisonniers, même si le secrétaire de l'ONU a l'intention d'évoquer le sort des détenus libanais aux mains d'Israël lors d'une rencontre avec les dirigeants de ce pays, il s'est pour l'instant contenté de demander la remise immédiate à la Croix-Rouge des deux soldats israéliens détenus par les milices islamistes. Une façon, somme toute, de renvoyer dos à dos agresseur et agressés.
Et, pendant qu'un organisme des Nations unies déplore de son côté la régression économique du Liban, renvoyé quinze ans en arrière par un mois de guerre et de destructions, la fragile période de cessation des combats ne suffira pas à effacer, pour les quatre millions d'habitants du Liban, les blessures dues à l'agression militaire d'Israël. Plus d'un millier de morts ont été directement victimes des bombardements et des tirs. Les destructions d'habitations, d'infrastructures et d'industries sont évaluées à plusieurs milliards de dollars. Un million de réfugiés doivent à présent, comme ils le peuvent, regagner leurs quartiers et leurs villages dévastés.
La politique belliciste d'Israël, soutenue par les États-Unis et ses alliés, est responsable de ce désastre. Prétendant, sous prétexte d'assurer la sécurité de son territoire, réduire à néant les milices du Hezbollah et, au-delà, donner un avertissement à la Syrie et à l'Iran voisins, Israël ne fait que contribuer au maintien d'une domination des grandes puissances impérialistes dans la région.
Les grands perdants dans cet état de guerre permanente, ouverte ou larvée, sont inévitablement les populations, au Liban, dans les territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie, mais également en Israël.