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Leur société
Chèque-transport et prime pour l’emploi : Quand Villepin fait du «social»
Soucieux de ne pas être en reste en matière de promesses qui ne coûtent pas cher en cette période pré-électorale, le Premier ministre a annoncé deux mesures censées remédier au «malaise» existant sur le pouvoir d'achat. Présentées comme nouvelles et «sociales», elles ne sont qu'une resucée de promesses déjà éventées ou de mesurettes qui ont fait long feu.
D'une part, le Premier ministre a confirmé la création, au 1erjanvier 2007, d'un chèque-transport destiné à atténuer, pour les salariés, les effets de la hausse du prix des carburants. Ce chèque, qui pourrait se monter à 100 ou même 200 euros -par an, ce qui était implicite, malgré le flou laissé par Villepin- demeure soumis au bon vouloir des entreprises qui pourraient en négocier l'application avec les salariés. La mesure serait financée en partie par l'État qui prendrait en charge «la moitié du coût», sous forme d'allégements des charges des entreprises. Cela reviendrait à faire peser cette compensation sur le budget public! Cela n'a pas empêché la présidente du Medef, Laurence Parisot, de pousser de hauts cris, en mettant en avant la participation de certains patrons aux frais de transport des salariés.
Le second des axes «sociaux» de l'intervention du Premier ministre concerne l'augmentation du montant de la prime pour l'emploi. Cette prime, qui concerne neuf millions de ménages, est versée aux salariés payés entre 0,3 et 1,4 fois le smic.
Pour un célibataire au smic, elle se chiffre à 714 euros en 2006 et Villepin parle de 940 euros pour l'an prochain, «presqu'un 13emois pour ceux qui sont au smic», commente-t-il sans plaisanter. Au-delà de l'esbroufe consistant à reprendre une mesure déjà votée fin 2005 et augmentant la prime de 50% sur deux ans, le Premier ministre se contente de gonfler un peu plus la valeur 2007 de la PPE. Or de telles sommes, même si elles sont bienvenues lorsqu'on gagne moins de 1000euros par mois ou à peine plus, sont loin de permettre de faire face au train de hausses de l'année. D'avril 2005 à avril 2006, la facture du fioul a grimpé de 27,2%, celle du gaz de 5,6% au 1ermai dernier, celle de l'électricité de 1,7% depuis le 15août, sans parler des loyers et de la flambée du prix de l'essence.
Créée en 2001 par Fabius, alors ministre de l'Économie et des Finances du gouvernement Jospin, la PPE était conçue comme une «incitation fiscale» à reprendre un emploi, comme si c'était à cause d'un manque de motivation qu'il y avait officiellement deux millions de chômeurs. Ce dispositif se sera traduit, six ans plus tard, par une somme de plus de quatre milliards que les gouvernements, de gauche comme de droite, auront déboursée à la place des patrons, pour leur permettre de continuer à payer le moins possible leurs salariés. Il s'agit donc ni plus ni moins d'une prime aux entreprises pour maintenir les salaires au plus bas et continuer à gonfler leurs profits. Et pour les salariés d'une arnaque quand viendra l'heure de la retraite, car le calcul de celle-ci ne prendra évidemment en compte que le salaire, et pas la PPE.
Mais Larcher, le ministre du Travail, interwievé sur le décalage criant entre la progression des salaires et celle, impressionnante, des profits patronaux, a estimé que les patrons ne s'enrichissaient pas encore assez: «La plupart des entreprises n'affichent hélas pas des résultats aussi spectaculaires que celles du CAC 40». Et de poursuivre: «Quant aux salaires, c'est vrai qu'ils n'ont pas tous progressé de la même manière. Les bas et les hauts salaires (cadres dirigeants) ont crû plus vite que les salaires moyens.»
Larcher, pour faire progresser les revenus de ses amis ministres va-t-il leur proposer d'être payés au smic?