«Nous ne sommes pas des toutous auxquels, sur un coup de sifflet, l'on pourrait intimer l'ordre de rentrer au chenil» a réagi Jack Lang, après que le n°2 du Parti Socialiste chargé des fédérations, donc de l'appareil, François Rebsamen, avait appelé le 21 août «Jack [Lang] et Dominique [Strauss-Kahn] à se retirer» de la course à la désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2007. Furieux, Jack Lang s'en est pris à ceux qui profèrent «une telle fatwa à l'égard de camarades».

Mais cela fait des mois que l'on voit une demi-douzaine de dirigeants du PS multiplier les phrases assassines à l'adresse de leurs «camarades», les croche-pieds à leurs rivaux dans la course à la désignation de celui ou celle qui portera les couleurs du Parti Socialiste l'an prochain.

Début août, François Hollande, le premier secrétaire du PS, disait ne pas vouloir que le premier tour de l'élection présidentielle se transforme en un «barnum», du fait d'un trop-plein de candidats à gauche. Eh bien, il devrait d'abord balayer devant sa porte car, avant même ce premier tour, on assiste à un pugilat entre les six candidats déclarés ou potentiels à la candidature du PS que sont Ségolène Royal, Lionel Jospin, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, et François Hollande lui-même.

Les sondages eux aussi font partie de la guerre entre présidentiables au sommet du PS. Ils sont invoqués par le camp de Ségolène Royal puisqu'ils la donnent favorite, tandis que ses rivaux font valoir qu'à un an d'un scrutin, rien n'a jamais permis d'en prévoir le résultat.

Autant dire que, même si les concurrents qui s'affrontent ont tous le mot démocratie à la bouche, celle-ci n'a aucune place dans les luttes d'ambition à la tête du PS. Elles s'appuient sur des manoeuvres d'appareil plus ou moins discrètes et des ralliements de patrons de fédérations et de têtes de file de courants. Ceux-ci monnaient déjà leurs voix dans la future désignation du candidat du PS en échange de places de ministres... si leur poulain l'emporte en 2007. Quant aux nouveaux adhérents, à qui l'on a promis que, contre les 20 euros de l'adhésion, ils auraient voix au chapitre dans la désignation du candidat, ils comptent en l'occurrence pour du beurre.

Tout cela pourrait prêter à sourire si, de cette empoignade politicienne, n'allait sortir -à moins que le combat des chefs ne continue jusqu'à la fin- celui ou celle que, le moment venu, les ténors de ce que l'on appelle «la gauche» chercheront à maquiller en porteur des espoirs de tous ceux qui ne veulent plus de la politique incarnée par la droite.