Chez Arc International, qui fabrique notamment la vaisselle de table de marque Arcopal, une minorité significative de travailleurs vient d'exprimer son opposition à la direction et à l'accord salarial que celle-ci proposait.

Plusieurs centaines de salariés ne font plus partie des effectifs, comme ceux de la chaudronnerie, de la jardinerie, du magasin de vente et bientôt la centaine de travailleurs de l'imprimerie. Tous ces travailleurs sont «externalisés», repris par des entreprises avec lesquelles AI a passé des accords. Des centaines d'autres partent en préretraite dans le cadre d'un plan de suppression de près de 2700 emplois d'ici 2008.

Lors d'un accord d'aménagement et de réduction du temps de travail (ARTT) en 2000, qui a amené la création d'une cinquièmeéquipe sans création d'emploi, la direction avait imposé en même temps le blocage des salaires, avec l'accord des principales organisations syndicales, y compris la CGT, sauf FO. Depuis six ans, il n'y a eu aucune augmentation générale de salaires, les primes d'intéressement ont baissé et la participation aux bénéfices a fondu. En sept ans, la perte sur la fiche de paye représente autour de 10% pour beaucoup de salariés, à laquelle il faut ajouter la perte due à l'inflation sur la même période.

Dans une ambiance de restructurations, de suppressions d'emplois, de mutations importantes dans les ateliers et de pressions permanentes pour augmenter la productivité, la baisse importante du pouvoir d'achat augmente le mécontentement. D'autant plus que le patron Durand est toujours une grande fortune, qu'il rachète des entreprises et construit de nouvelles usines notamment en Chine, ce qui amène l'effectif à 19000 salariés au niveau international, dont près de 10000 à Arques.

La direction s'est donc décidée à discuter augmentation de salaires avec les syndicats. Elle a fini par proposer 6% d'augmentation pour les ouvriers -2% par an jusqu'en 2008- 1% par an pour les techniciens et agents de maîtrise, 2% en trois ans pour les cadres. À cela s'ajoute une enveloppe d'augmentations individuelles de 1,5% sur trois ans.

Le syndicat autonome, le syndicat «maison» de Durand a signé l'accord. Les syndicats CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC ont refusé, jugeant les augmentations insuffisantes, la CGT réclamant surtout un treizième mois.

En plein mois d'août, ces cinq syndicats ont organisé un vote pour que les salariés donnent leur avis sur cet accord salarial. La direction était opposée bien sûr à cette consultation et le syndicat autonome avait appelé au boycott. 700salariés n'y ont pas moins participé et le résultat est une claque pour la direction, puisque 94,7% des exprimés se sont prononcés contre l'accord.

Même si c'est une minorité de salariés qui sont allés voter, c'est quand même un événement dans une entreprise comme la cristallerie d'Arques, qui n'a pas connu de grève depuis 1937. Alors, ce n'est pas encore la grève pour exiger une vraie augmentation de salaires, mais on est peut-être sur la bonne voie.