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Leur société
Sida : L'épidémie continue à s'étendre, surtout chez les plus pauvres
Du 13 au 18 août se tient à Toronto, au Canada, la 16econférence internationale sur le sida. Près de 20000 personnes y participent, scientifiques, représentants d'associations, de gouvernements, d'institutions internationales et personnalités, comme l'ex-président américain Clinton et Bill Gates, l'homme le plus riche du monde.
Pour le vingt-cinquième anniversaire de l'apparition officielle du sida, le thème de la conférence est «Passons aux actes». On peut avoir des doutes sur l'action qu'il annonce, mais il dit clairement que l'on n'a pas fait grand-chose jusqu'ici.
Contrairement à ce que l'on entend souvent, l'épidémie du sida est loin d'être stabilisée. Elle progresse moins vite, mais elle progresse encore dans presque toutes les régions du monde. On estime qu'il y a actuellement 38,6 millions de séropositifs et que 4 millions de personnes ont été contaminées chaque année depuis 2001.
On parle beaucoup des recherches qui progressent, des nouveaux médicaments mis au point, des milliards qui y sont consacrés par les États, les organismes internationaux et les fondations privées. Les seuls fonds publics représentent actuellement 8,3 milliards de dollars par an, mais il faudrait tripler la somme pour avoir une chance de faire reculer le nombre de malades, grâce aux soins et à la prévention. En vingt-cinq ans, la maladie a tué 25 millions de personnes, dont 2,8 millions l'an passé.
Si le sida progresse et tue tant de monde, c'est parce qu'il frappe les populations des pays pauvres. Sur les 38,6 millions de séropositifs, 24 millions habitent l'Afrique au sud du Sahara (dont 5,5 millions l'Afrique du Sud), 8,3 millions l'Asie (dont 6 l'Inde). Plus des trois quarts des contaminés, 3,2 millions, sont africains. Six morts du sida sur sept sont africains. Le coût annuel d'un traitement est tombé à 150 dollars, mais c'est encore infiniment trop, dans un monde où 1,3 milliard d'hommes ont moins d'un dollar par jour pour vivre.
Bill Gates déclarait l'an passé à la tribune de l'Organisation mondiale du commerce: «Parfois, on a l'impression que les pays riches ne regardent même pas les pays pauvres, et qu'ils ne soignent pas des maladies les plus mortelles de la planète parce qu'ils ne les ont pas chez eux.» Cela reste vrai, en dépit des 60 milliards dont dispose la fondation qu'il dirige et qui s'occupe en particulier de lutte contre le sida. Car, aussi bien pour lui que pour Clinton et leurs collègues de la finance ou de la politique, la lutte contre les fléaux qui frappent l'humanité n'est qu'un hobby ou une occupation de retraité. Leur vraie vie, leur vie active, ils la consacrent ou l'ont consacrée à amasser du fric, pas à soigner les malades ou aider les pauvres.