Dimanche 6 août au soir, trente ou quarante légionnaires ont semé la terreur dans les rues de Kourou en Guyane. Encagoulés, armés de battes de base-ball et de bâtons, ils ont pris pour cible les jeunes Noirs qui avaient le malheur de croiser leur chemin. Cette brutale expédition a fait plusieurs blessés, dont quatre ont été admis à l'hôpital.

Pour ces voyous-là, il n'est pas question de tolérance zéro ni de les traiter de «racailles». Deux seulement ont été gardés à vue mardi 8 août, avant d'être rendus à leur régiment dès le lendemain. L'armée va mener son enquête de son côté. Le ministère de la Défense a déclaré que ces agissements étaient «intolérables et inadmissibles». Mais on a surtout entendu l'officier supérieur de la Légion basé sur place évoquer l'insécurité grandissante en Guyane et les agressions dont auraient été victimes les légionnaires. La justice ou les autorités militaires ne rendront pas tout de suite leur jugement mais on multiplie les éléments pour invoquer des «circonstances atténuantes».

Cette véritable ratonnade rappelle en Guyane la «descente» qu'avaient effectuée des légionnaires en août 1985, après l'assassinat d'un des leurs. Le bilan avait été de dix-neuf blessés et le centre-ville avait été interdit pendant dix ans aux bérets verts.

Installée à Kourou depuis 1973, la Légion y dispose d'un effectif de 620 hommes, en principe pour protéger le centre spatial installé dans ce territoire, reste de la colonisation française. Les profits faits par EADS à partir de ce territoire sont ainsi garantis par la Légion.

Des militants associatifs et syndicaux, sans attendre d'hypothétiques sanctions, demandent que la Légion quitte la Guyane. Et le plus tôt sera le mieux.