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- Lutte ouvrière n°1985
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Dans les entreprises
Entreprises de sûreté, Aéroport de Roissy : «Mal traités, mal payés... c'est 300 euros qu'il nous faut!»
À l'aéroport de Roissy (CDG2 et CDG1), des préavis de grève avaient été déposés le 3 août, appelant les salariés de la sûreté aéroportuaire à cesser le travail le 11 août. C'est donc un hasard si notre grève a eu lieu le lendemain des événements de Londres concernant les tentatives d'attentats déjouées... un hasard qui montre toute l'importance de la sûreté et la légitimité de nos revendications.
C'est à près de 150 que nous avons défilé, dans tous les terminaux de l'aéroport, pour expliquer, aux passagers en particulier, la situation de nos salaires et de nos conditions de travail. Nous demandons un salaire décent, et 300 euros d'augmentation serait un premier pas dans ce sens. Nous demandons d'être respectés car nous n'avons même pas de vestiaire, ni de cantine, ni de salle de repli, nous mangeons notre casse-croûte dans les galeries au milieu des bagages et la liste des humiliations quotidiennes que nous devons subir de la part de nos chefs serait longue.
Dès que l'annonce de la grève fut connue, les directions des entreprises de sûreté, de connivence avec les directions des entreprises dont elles sont sous-traitantes (compagnies aériennes et aéroport), n'ont pas lésiné sur les moyens pour essayer de faire capoter la grève: embauche de personnel intérimaire, appel à du personnel venant de Londres (lieu où les sociétés de sûreté ont des salariés), prévision de l'acheminement des non-grévistes sur leur lieu de travail (sans passer devant les piquets de grève), etc.
La veille de la grève, les délégués des différentes entreprises étaient convoqués par leurs directions respectives, non pour leur annoncer l'augmentation des salaires, mais pour leur demander, vu l'actualité, de lever les préavis de grève. Les personnels de sûreté étaient subrepticement devenus des indispensables, mais il était un peu tard pour s'en apercevoir!
Le jour de la grève, avec les consignes de vigilance maximum dues aux événements (fouille à 100% des passagers), les chefs et les personnels des bureaux ont été mobilisés pour travailler. Et pour la première fois de l'eau et des casse-croûte ont été distribués aux postes de travail. Mais même avec cela, il serait étonnant que nos «héros d'un jour» puissent tenir longtemps en renfort.
Les vols du vendredi 11 août ont eu de 1h30 à 2h30 de retard, car la fouille à 100% est irréalisable avec si peu d'effectifs de sûreté. Alors, si on se mettait réellement en grève et que les chefs nous remplaçaient... il vaudrait mieux que les passagers partent à pied.
Pour tous les grévistes, cette journée fut un avertissement qui aura une suite, car il serait bien étonnant que, s'ils n'y sont pas forcés, les patrons envisagent de faire passer la sûreté et la sécurité avant leur portefeuille.