Toute sa vie il a lutté avec une haute idée de sa responsabilité d'intellectuel. Il a mené un combat honnête et sans concession. Remettant plusieurs fois son travail en question, il a voulu comprendre le génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, lui qui était atteint personnellement par la mort de ses parents à Auschwitz.

Ses recherches et ses combats sont allés au-delà: c'est l'histoire des hommes qui le concernait. Il en dit: «Le génocide des Juifs ne perd rien de sa grandeur apocalyptique si on le confronte à ceux qui l'ont précédé ou suivi. Il entre ainsi dans une histoire qui est malheureusement celle des hommes.»

Pierre Vidal-Naquet s'est opposé à la torture pratiquée par l'armée française en Algérie, et à la guerre d'Algérie elle-même. Il s'est maintes fois fait le porte-parole de prises de position courageuses, en particulier contre le colonialisme, comme, en 1982 lorsqu'il s'était déjà opposé à la précédente guerre du Liban.

Nous, militants de Lutte Ouvrière, nous étions heureux de nous retrouver avec lui dans de nombreuses manifestations. Nous avions été honorés de sa venue à notre fête annuelle de Presles. Il nous y avait fait partager ses connaissances, débattre de ses points de vue.

Son exemple, la fermeté de ses choix, le courage de son action étaient précieux dans le combat contre l'oppression. Tout ceci, nous le perdons avec sa disparition.