Mettre hors d’état de nuire les responsables de la terreur au Moyen-Orient03/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1983.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Mettre hors d’état de nuire les responsables de la terreur au Moyen-Orient

Dans cette sale guerre l'armée israélienne vient encore de s'illustrer par le massacre de Cana, un de plus, faisant périr sous les bombes 54personnes, dont 37enfants. La démolition systématique du Liban et de Gaza, de leurs infrastructures, laisseront une funeste trace dans la région pour des années. Mais cette guerre sera payée aussi par la population d'Israël. Le nombre des morts par rapport au Liban y est jusque-là dans la proportion de un à dix, mais les victimes n'y sont pas moins innocentes; et l'exode vers le sud du pays de la moitié de la population de Haïfa et d'une grande partie des habitants du Nord d'Israël, laisse les plus démunis exposés aux missiles du Hezbollah, à la peur et à la désorganisation.

La première responsabilité de ces exactions revient à la politique expansionniste de l'État d'Israël. Celle qui a prévalu lors de sa constitution comme celle de l'histoire de ces dernières dizaines d'années. Chacune des guerres du passé visait à implanter une population juive, de plus en plus nombreuse, en chassant les Palestiniens de leurs terres et au mépris de leur devenir, les contraignant à se rassembler d'abord dans des camps, ensuite sur des territoires de plus en plus exigus, dans les régions les plus pauvres. Dernière expression en date de cette politique: en même temps que l'évacuation momentanée de Gaza, la volonté d'annexer Jérusalem-est et de nouveaux territoires en Cisjordanie. Et comme cette politique coloniale ne peut que susciter la haine et la volonté de se battre dans les rangs de ceux qui en font les frais, au terrorisme d'État aveugle d'Israël répondent des attentats aveugles. Alors la seule forme de gouvernement que les dirigeants israéliens admettent pour les victimes de leur politique dans ces territoires, c'est celle de kapos pour y maintenir l'ordre et la soumission. C'est pourquoi le pouvoir de Tel Aviv, après avoir combattu et poussé le gouvernement du Fatah qui n'en faisait pas assez à son gré, et en conséquence favorisé l'émergence d'un radicalisme religieux, a tout fait pour abattre le gouvernement Hamas sorti des urnes: en bloquant les finances de l'État et les moyens d'approvisionnement dans les territoires, et dans le même temps en poursuivant la construction d'un mur qui consacre de nouvelles annexions... Avant de passer à la guerre ouverte.

Reste que la seule politique de l'État d'Israël n'aurait pas abouti aux conséquences actuelles si les grandes puissances impérialistes, les États-Unis au premier chef, n'avaient trouvé intérêt depuis le début à la soutenir, politiquement, financièrement, militairement. La puissance de son armée, Israël la doit avant tout à l'État américain. Ce que vient encore ostensiblement d'illustrer Washington, notamment en livrant la semaine dernière à l'armée israélienne des bombes plus sophistiquées, capables nous dit-on de percer les bunkers les plus profonds. Dans ce Moyen-Orient où les ressources pétrolières alimentent les économies occidentales, celles-ci comptent sur Israël comme bras armé pour défendre leurs intérêts contre les gouvernements et les peuples qui réclament leur part des richesses produites dans la région. Ce n'est pas pour rien que les pays impérialistes encouragent - ouvertement comme les États-Unis, ou laissent faire hypocritement en appelant «à la retenue» comme la France - les crimes des dirigeants israéliens. Les uns comme les autres ont appuyé le blocus de Gaza après la nomination du gouvernement Hamas. Les uns comme les autres, même si c'est avec des nuances recoupant la concurrence que se font leurs capitalistes respectifs, se sont entendus pour exercer leur pression et isoler le pouvoir de Téhéran comme celui de Damas. Ces derniers ne demanderaient sans doute pas mieux que de pactiser avec les puissances occidentales, mais à un prix que celles-ci n'acceptent pas de payer, du moins sans avoir au préalable tenté de les faire reculer sous la menace militaire.

Laquelle menace montre cependant ses limites. Les États-Unis et leurs alliés sont empêtrés en Irak. Après avoir bombardé et envahi le pays, ils y ont provoqué une guerre civile qui ces deux derniers mois a fait 6000morts, cent par jour. Ils le sont aussi en Afghanistan où une remontée en puissance des Talibans malgré un regain des opérations militaires, s'avère un guêpier pour les troupes de l'Otan. La guerre à Gaza et au Liban, avec la menace d'une extension à la Syrie, voire à l'Iran, peut-elle faire revoir à la baisse les revendications de Damas et Téhéran?

De leur côté, les gouvernements de l'Iran et de la Syrie au travers de leur aide au Hezbollah ou au Hamas, cherchent à les instrumentaliser pour faire monter les enchères avec les impérialismes occidentaux. Et ni les Palestiniens, ni les Libanais n'ont intérêt à remettre leur sort entre leurs mains.

Il n'est cependant pas encore écrit pour l'heure si la prochaine étape de ce bras de fer sera une nouvelle escalade dans la guerre ou un nouveau règlement entre gouvernements sur le dos des peuples de la région. Mais la seule paix conforme aux intérêts de ces derniers ne pourra venir ni du «déploiement d'une force internationale » - laquelle viendrait en relais à l'armée israélienne une fois parvenue au bout de ses possibilités de démolir le Hezbollah à moindre frais - ni d'aucune forme d'intervention des grandes puissances. Ni de la prétendue solidarité des États «musulmans ». Elle ne peut venir que de la volonté, par-delà les nationalismes, d'unir la lutte des travailleurs et des opprimés de la région, non seulement contre la politique des dirigeants sionistes, mais aussi contre le capitalisme et l'impérialisme qui poussent les peuples à s'entretuer pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.

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