Grève des chirurgiens dans les cliniques privées : Les tenants du libéralisme en appellent à l’État pour défendre leurs intérêts corporatistes26/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1982.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grève des chirurgiens dans les cliniques privées : Les tenants du libéralisme en appellent à l’État pour défendre leurs intérêts corporatistes

Lundi 24 juillet, de nombreux chirurgiens, gynécologues obstétriciens et anesthésistes libéraux exerçant dans les cliniques privées ont entamé un mouvement de grève qu'ils veulent illimitée. Ils réclament la revalorisation de leurs honoraires ainsi que des aides pour faire face à la flambée des assurances destinées à les couvrir en cas de contentieux avec leurs patients.

Ces praticiens libéraux sont pourtant loin d'être les membres les plus déshérités du corps médical, d'autant que beaucoup d'entre eux ajoutent à leurs honoraires une partie des bénéfices des cliniques dans lesquelles ils exercent. Or, selon la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), les revenus des cliniques privées ont augmenté de 11,7% cette année.

Certes, ils sont en droit de se plaindre que le gouvernement ne leur ait accordé que la moitié des 25% d'augmentation promis pour leurs honoraires, mais quelle catégorie de personnel hospitalier, quel employé de la Sécurité sociale a bénéficié d'une telle largesse au cours de ces dernières années?

Les praticiens qui ont déserté les blocs opératoires se défendent en disant que le gouvernement était prévenu depuis plusieurs mois de cette menace de grève et que les malades nécessitant une intervention urgente sont orientés vers les hôpitaux publics. Mais encore faut-il qu'il reste des établissements publics ouverts non loin des cliniques privées concernées, ce qui, du fait des fermetures partielles ou totales des hôpitaux de proximité au bénéfice des cliniques privées, n'est pas toujours le cas. De plus, le fait qu'ils aient maintenu leur mouvement alors que du fait de la canicule ainsi que de l'augmentation des accidents de la route, les hôpitaux publics enregistrent un surcroît d'activité, ne plaide pas pour leur sens de la solidarité et leur souci des problèmes de santé publique.

Quant aux médias, qui ne manquent pas de donner la parole aux usagers protestataires lorsqu'il y a une grève des cheminots ou des conducteurs de bus, ils n'ont guère fait état de ce qu'ils appellent habituellement «une prise en otage du public», avec en l'occurrence des risques autrement plus dangereux puisqu'il s'agit de malades.

Face à ce mouvement, le gouvernement se dit prêt à envisager une aide de 1000 à 7000 euros; que le budget correspondant soit inscrit au budget de l'État ou à celui de la Sécurité sociale, il n'en demeure pas moins que ce sera de l'argent public détourné au profit des praticiens libéraux, alors qu'au nom du «trou» de la Sécurité sociale, les restrictions budgétaires mettent les établissements publics de santé dans des situations impossibles.

Il en va de ces chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens en grève comme de bon nombre de membres des professions libérales: ils se veulent «libres» mais en appellent à la générosité de l'État et de la collectivité pour défendre leur niveau de vie, fût-il beaucoup plus élevé que celui de la majorité de la population.

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