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Editorial
Gaza, Liban : Où sont les terroristes?
Les quinze jours de bombardements ininterrompus qui ont transformé les villes du Liban en champs de ruines ont éclipsé, dans l'actualité, les trois semaines d'enfer que vit le territoire de Gaza depuis le déclenchement de l'offensive israélienne. C'est que les grandes puissances, en particulier la France, ont des intérêts, des entreprises, au Liban, et qu'elles y ont aussi par voie de conséquence des milliers de ressortissants, et pas seulement des touristes, mais aussi des cadres et des techniciens avec leurs familles, dont la sécurité n'est plus assurée, et pour qui se pose le problème de leur rapatriement éventuel.
Il n'y a rien de tout cela à Gaza, ni touristes ni entreprises occidentales. C'est pourquoi nos gouvernants sont plus que discrets sur ce qui s'y passe. Ce n'est que par les organisations médicales non gouvernementales que l'on peut connaître l'étendue du drame qui frappe la population palestinienne de Gaza, avoir une idée du nombre de morts et de mutilés causés par les bombardements israéliens, qui utilisent manifestement des armes à fragmentation destinées à faire le plus de dégâts possible dans la population.
Il est clair que l'enlèvement d'un soldat israélien à la limite de Gaza, de deux autres à la frontière libanaise, ne constitue qu'un prétexte pour le gouvernement d'Israël. Si la vie de ses soldats lui tenait tant à coeur, il n'écraserait pas sous les bombes les zones où ils sont peut-être maintenus prisonniers.
Le gouvernement israélien a décidé cette offensive pour essayer de briser le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza, qui s'opposent à lui. Et il a décidé de le faire avec un total mépris pour la vie des populations de Gaza et du Liban.
Tout ceux qui défendent sans réserve la politique israélienne, comme Bush, ou plus hypocritement comme Chirac, s'abritent derrière le fait que le Hezbollah et le Hamas ont mené des actions terroristes, alors qu'Israël est une «démocratie».
Que les dirigeants du Hezbollah et du Hamas n'aient rien de démocrates, c'est évident. Mais le fait qu'Israël soit une «démocratie» au sens où l'entendent les Bush et les Chirac, c'est-à-dire un pays où la bourgeoisie exerce le pouvoir à travers des institutions parlementaires, ne l'empêche pas de mener une politique criminelle. Et ce n'est pas une exception. La France au cours d'innombrables guerres coloniales, de l'Indochine à l'Algérie, en passant par Madagascar, les USA du Vietnam à l'Irak, ont largement montré que l'existence d'un régime parlementaire n'empêchait nullement le recours aux pires méthodes de répression, celles qui consistent à faire la guerre à toute une population, tenue pour «collectivement responsable» des difficultés des oppresseurs.
Mais l'exemple de ces guerres montre également qu'aussi puissantes que soient les armées qui se livrent à ce genre de répression, leur supériorité militaire ne leur garantit pas la victoire, car la haine qu'elles sèment ainsi ne peut que susciter parmi leurs victimes de nouvelles vocations de combattants. Le vingtième siècle a connu d'innombrables guerres coloniales, dont aucune n'a pu finalement empêcher les empires coloniaux de s'effondrer.
L'armée israélienne parviendra peut-être, au prix de massacres sans nombre, à éliminer quelques milliers de miliciens du Hamas et du Hezbollah. Mais elle n'aura pas pour autant fait un seul pas en direction d'un Proche-Orient vivant en paix. Pas plus que la comédie des «initiatives diplomatiques» que la France, ou d'autres grandes puissances, font mine de multiplier.
Le seul espoir d'un Proche-Orient où les israéliens pourraient vivre en paix avec leurs voisins arabes était représenté samedi 22 juillet à Tel-Aviv par ces quelques milliers d'Israéliens, juifs et arabes, «des traîtres» pour le gouvernement israélien, qui ont manifesté ensemble pour l'arrêt immédiat de l'offensive au Liban.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 24 juillet