- Accueil
- Lutte ouvrière n°1980
- Limoges : Des sans-papiers dans leur deuxième semaine de grève de la faim
Leur société
Limoges : Des sans-papiers dans leur deuxième semaine de grève de la faim
Depuis le 3 juillet, soixante-huit sans-papiers dont cinq femmes sont en grève de la faim dans un ancien bureau de police de Limoges qui leur a été prêté par la municipalité. Depuis presque deuxans qu'il existe, le collectif des sans-papiers de Limoges a multiplié les manifestations, les initiatives en direction de la population (notamment une revue éditée par des bénévoles), les interventions auprès des élus, des pouvoirs publics et surtout de la préfecture.
Celle-ci, sans jamais vouloir les recevoir («pas de clandestins dans nos murs»), avait tout d'abord obligé les sans-papiers à déposer leurs 250 dossiers au compte-gouttes, trente tous les quinzejours, pour finalement ne régulariser qu'une soixantaine de familles. Puis, à partir de mai, ça a été la chasse aux sans papiers hypocritement convoqués «au sujet de leur régularisation», arrêtés, mis en rétention au commissariat ou dans un «Etap Hôtel». Certains ont été expulsés. Des manifestations et rassemblements regroupant parfois plus de deux cents personnes ont eu lieu et des sans papiers ont été libérés sans toutefois être régularisés.
Ils ont eu en plus à subir le mépris et les insultes du député UMP et juge antiterroriste bien connu Alain Marsaud qui a déclaré publiquement que depuis que la Maison des droits de l'homme abritait leur collectif, Limoges étaient devenu un repaire de «malfaisants».
Aujourd'hui, beaucoup sont profondément désespérés, surtout les célibataires qui n'ont aucun espoir de rentrer dans les critères de Sarkozy et de son compère l'avocat Klarsfeld. Ils estiment qu'ils n'ont rien à perdre et, malgré les réticences des partis et associations qui les soutiennent, soixante-huit ont donc entamé une grève de la faim dans des conditions difficiles car certains d'entre eux, mal nourris, fatigués, n'étaient déjà pas dans de bonnes conditions physiques. Au bout d'une semaine, plusieurs ont dû être acheminés aux urgences, mais une fois soignés, ils continuent leur grève car, disent-ils, plutôt mourir ici que retourner dans l'enfer de leurs pays d'origine.
Des médecins et infirmières des hôpitaux de Limoges se sont mobilisés pour leur apporter des soins et deux fois par semaine, les mardi et vendredi, des manifestations sont organisées à partir de leur local, manifestations dont Lutte Ouvrière est évidemment solidaire.