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Leur société
L'hypocrisie des décideurs de l'Éducation nationale
Des auxiliaires de vie scolaire (AVS) se sont réunies le jeudi 22 juin à la Bourse du travail de Troyes avec des représentants de cinq syndicats (CGT, SNUIPP, SGEN, l'UNSA et FO). Le débat a été très animé et soulevait indignation et émotion, en réponse à une administration qui annonce froidement, en fin d'année, que certaines vont passer d'un plein temps à un mi-temps et que d'autres vont retrouver le circuit du chômage.
À la rentrée 2006, tous les postes d'AVS-collectifs en Sections d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) sont supprimés. Or ces sections accueillent des élèves de collège en grande difficulté, mais aussi des enfants handicapés, à cause du manque de place dans les établissements médico-éducatifs. Le prétexte est que les AVS ne correspondent pas au profil prévu par les textes. C'est faute de candidats étudiants qu'elles ont été embauchées, en 2003 pour trois ans renouvelables une fois et, depuis 2004, pour un an renouvelable six fois.
De plus, l'inspecteur académique de l'Aube étant décidé à «faire rentrer les AVS dans les clous réglementaires», tous les postes d'auxiliaires de vie scolaire, collectifs ou individuels, existant à temps complet vont passer à mi-temps.
Ainsi, les SEGPA (en collège) vont perdre encore un adulte qui aidait les équipes éducatives ou suivait des élèves difficiles ou handicapés, et les classes d'intégration scolaire (en école élémentaire) ou unités pédagogiques d'intégration (en collège et lycée) ne disposeront plus que d'un mi-temps pour aider à la gestion de situations quotidiennes difficiles. Tout cela sera bien insuffisant pour suivre tous les enfants handicapés accueillis dans les classes ordinaires.
On en arrive à une situation hallucinante, mais vécue, où une mère, en SEGPA à mi-temps depuis trois ans, va se retrouver au chômage à 49 ans avec 18 mois de prise en charge. Son fils aîné pourra espérer poursuivre ses études parce qu'il vient justement d'obtenir un poste d'assistant de vie scolaire... à mi-temps!
Ainsi, au lieu de créer des emplois qualifiés et pérennes, nécessaires à la scolarisation d'enfants à besoins particuliers, l'Éducation nationale précarise davantage les emplois. C'est en contradiction avec les intentions affichées publiquement par la loi sur le handicap, votée en février 2005. D'un côté, l'Éducation nationale prétend mieux accueillir et intégrer les enfants handicapés à l'école et, d'un autre, n'embauche pas le personnel nécessaire pour permettre une prise en charge convenable.