Arcelor-Mittal : Les requins s'accordent29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Arcelor-Mittal : Les requins s'accordent

«De qui se moque-t-on?» s'indignait un journaliste de France Inter vendredi 23 juin en présentant l'accord de fusion imminent des trusts de l'acier Arcelor et Mittal. Eh bien, les dirigeants d'Arcelor se sont finalement moqués de tous ceux journalistes, hommes politiques, responsables syndicaux qui ont pris pendant des mois leurs déclarations anti-Mittal pour argent comptant.

Fin janvier 2006, le PDG d'Arcelor, Dollé, avait ainsi repoussé l'offre publique d'achat de Mittal Steel en prétendant que les deux entreprises «n'avaient pas les mêmes valeurs». Ensuite, qu' Arcelor faisait du parfum alors que Mittal se contentait d'eau de Cologne; que Mittal paierait en monnaie de singe, etc. La riche famille Mittal étant d'origine indienne (sans posséder d'usine en Inde), c'était, à travers elle, l'Inde qui tentait de mettre la main sur la France et l'Europe! Chirac qui ne rate jamais une démagogie avait même repris les arguments d'Arcelor durant son voyage en Inde devant le Premier ministre indien...

En fait, il y avait simplement entre Arcelor et Mittal, comme dans toute fusion capitaliste, une affaire d'argent et de pouvoir. Le refus initial d'Arcelor, puis sa défense à coups de milliards d'euros ont fait monter les enchères.

L'offre de Mittal a ainsi été successivement relevée de 18 à 25,8 milliards d'euros pour finalement atteindre 27,4 milliards d'euros. L'action Arcelor qui valait 22 euros en janvier 2006 s'envolait à 28, puis à 35 euros avant l'annonce de la fusion.

Mittal offre maintenant, en argent ou en actions, 40,4 euros. En six mois, les gros actionnaires d'Arcelor auront vu leur fortune quasiment doubler. Quant au dividende versé pour chaque action Arcelor, il a augmenté de 185% cette année... pour retenir les actionnaires de vendre leurs actions à Mittal...

Cette débauche d'argent des deux côtés montre la prospérité de ces trusts qui l'un et l'autre suppriment des emplois par milliers en Europe et dans le monde. Et déjà, ils se promettent ensemble de récupérer par la fusion beaucoup d'argent en «synergies», c'est-à-dire par des suppressions d'emplois.

Face à un trust Arcelor-Mittal qui possède une capacité de 115 millions de tonnes/an, même une usine comme celle de Dunkerque, qui pèse 1/3 de la production française, représente moins de 6% de la production mondiale du groupe. Face à ces patrons qui n'ont que le profit maximum comme objectif, il faudra que les travailleurs s'entendent pour se défendre ensemble, au-delà de chaque usine et par-dessus les frontières.

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