Industrie du luxe : «Plus c’est cher et plus ça se vend»07/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1975.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Industrie du luxe : «Plus c’est cher et plus ça se vend»

Dans une interview à l'Express, le patron du bijoutier Cartier a donné un aperçu de son catalogue. Le premier prix est celui des petites montres pour étudiants désargentés: 700 euros. Après on passe aux bijoux fabriqués en séries limitées, prix compris entre 20000 et 200000 euros, conçus pour l'honnête bourgeoisie de province. Puis viennent les pièces uniques, les parures vendues entre un et trois millions d'euros. Elles sont, paraît-il, écoulées le jour suivant leur mise en vente. «Une cliente s'était donné la nuit pour réfléchir. Le lendemain la pièce était vendue, elle était désespérée». Terrible drame! Il y a aussi des pièces plus chères, mais les prix ne sont communiqués qu'aux acheteurs potentiels. Enfin Cartier est fier d'annoncer sa dernière création: le parfum personnel, conçu et fabriqué à la demande «en fonction de la personnalité», à la formule gardée secrète, pour la modique somme de 60000 euros.

Il y a une clientèle pour tout cela, grâce à quoi les industries du luxe sont parmi les plus rentables. Le cours des actions des trois plus grands groupes de luxe LVMH (Bernard Arnault, propriétaire), Richemont (qui possède Cartier) et PPR (le groupe de François Pinault) ont augmenté respectivement de 33, 50 et 25% l'an passé.

Le milliardaire américain Forbes, qui publie le classement des fortunes mondiales, a une explication toute simple: «2005 a été une année extraordinaire pour les milliardaires». Explication confirmée par le patron de Cartier: «On ne s'imagine pas le cash qu'il y a dans le monde». C'est ce c

ash qui est dépensé de façon ostentatoire. LVMH a sorti un cabas à commissions en cuir d'alligator tressé à 22000 euros. PPR a répliqué par un cabas en crocodile tressé... à 55000 euros. C'est plus cher, donc c'est mieux!

Tout cela serait simplement dérisoire et puéril si les sacs et les bijoux achetés n'étaient pas synonymes à l'autre bout de licenciements, d'accidents du travail, de contrats précaires et de bas salaires.

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