Usine chimique de Pont-de-Claix (Isère) : Quel horizon!31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Usine chimique de Pont-de-Claix (Isère) : Quel horizon!

À l'automne dernier, les entreprises de la chimie du site de Pont-de-Claix issues de Rhône-Poulenc étaient reconnues amiantées par le ministère, ce qui permet aux salariés de ces entreprises de bénéficier de «l'allocation de cessation anticipée d'activité de l'amiante», la retraite amiante.

Nous avons en effet, comme dans de très nombreuses autres entreprises, été exposés à l'amiante, officiellement jusqu'à fin 2001. 367travailleurs (sur un millier) sont concernés par un départ à la retraite anticipée d'ici à fin 2008. À ce jour, 236personnes en ont fait la demande.

Mais de nombreux travailleurs d'entreprises sous-traitantes ne sont pas, eux, concernés, même si beaucoup d'entre eux travaillent depuis des années dans les mêmes ateliers et qu'ils ont eux aussi été exposés à l'amiante. Le ministère et la Caisse nationale d'assurance-maladie viennent d'ailleurs de rappeler cette exclusion scandaleuse des salariés sous-traitants.

Ces départs en retraite amiante sont une aubaine pour la direction de Rhodia, qui est en train de réorganiser l'usine. Elle a mis en place un plan de réduction des coûts qui a pour objectif de faire 35millions d'euros d'économies d'ici fin 2008: c'est le plan «horizon». La direction utilise ces départs amiante comme un plan social pas cher. Cela lui permet de diminuer les effectifs, car elle a prévu de remplacer cinq départs par une embauche seulement, de renforcer la sous-traitance. De plus, les retraites anticipées sont payées par l'argent de l'État. Les patrons empoisonnent et s'en lavent les mains! Dans sa réorganisation actuelle, la direction, pour parvenir à faire les économies annoncées, a donc l'intention de pressurer encore plus les travailleurs qui resteront, ce qui aggrave les conditions de travail.

En particulier, les travailleurs des entreprises sous-traitantes se retrouvent en première ligne face aux accidents du travail, même si les autres subissent aussi les mêmes risques. Ainsi, rien qu'entre le 14mars et le 7avril, soit en trois semaines, il y a eu de nombreux accidents. Le 14mars, un salarié d'Orlag a reçu des éclaboussures d'acide sulfurique au visage. Le même jour, un autre travailleur de Chloralp subissait une brûlure chimique au poignet. Le 24, trois salariés de Sodi et un de Chloralp inhalaient du chlore. Le 28, un travailleur d'Orlag inhalait du tolulène di-isocyanate (TDI) en effectuant une prise d'échantillon. Le 31, c'était une projection de soude dans l'oeil au laboratoire Chloralp. Le 4avril, un salarié de Fouré-Lagadec se blessait à la main en démontant une vanne. Le 7 enfin, un intérimaire d'Adecco inhalait de l'isocyanate.

Depuis le début de l'année, il y a déjà eu plus de cinquante accidents du travail pour les salariés du groupe Rhodia et ses sous-traitants. Le nouveau slogan de la direction, c'est «faire plus avec moins». Effectivement, c'est plus d'accidents du travail avec moins d'effectif!

Avec le passage de l'accueil, du magasin, du chargement et déchargement des citernes, du conditionnement TDI, à des entreprises de sous-traitance, pour faire encore plus d'économies, les conditions de travail vont encore se dégrader.

Les 35millions d'euros d'économie, c'est sur notre dos et notre peau qu'ils veulent les faire.

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