Polimeri – Champagnier (Isère) : Contre la fermeture de l’usine31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Polimeri – Champagnier (Isère) : Contre la fermeture de l’usine

Le jeudi 29 juin, les syndicats de la chimie appellent les salariés à une journée nationale de mobilisation pour protester contre les nombreuses suppressions d'emplois et fermetures d'usines.

Une manifestation aura lieu devant le site de l'usine Polimeri à Champagnier, en Isère, près de Grenoble. En effet, depuis plusieurs mois, les travailleurs de cette usine, qui fabrique du caoutchouc synthétique, se battent contre la fermeture de leur entreprise.

C'est le 30 septembre 2005 que la direction de Polimeri, branche chimique du trust pétrolier italien ENI, annonçait la fermeture définitive de l'usine de Champagnier, employant 350salariés dont une centaine appartenant à des entreprises sous-traitantes. En fait, les installations étaient à l'arrêt depuis le 8septembre 2005, suite à des incidents techniques dont la direction profitait depuis plusieurs mois pour «habituer» les salariés à l'arrêt de l'usine. Le culot et le cynisme n'étouffant pas la direction de Polimeri, elle avançait d'ailleurs, entre autres raisons de fermeture, que la sécurité des salariés et de la population environnante n'était plus assurée! Alors que pendant des années elle s'en préoccupait comme d'une guigne, n'assurant plus l'entretien et la sécurité des installations.

D'ailleurs, les problèmes de sécurité liés à la fermeture de l'usine, la direction de Polimeri n'en avait rien à faire. Une sphère était pleine de butadiène. Or ce produit est hautement explosif. Il fallut la pression des salariés et de leurs syndicats et l'alerte de l'opinion publique pour obliger la direction à reprendre la production pendant trois semaines, pour transformer le butadiène en dichlorubutène (DCB), et ensuite l'obliger à vidanger les conduites de ce produit dans des bacs de stockage. Depuis, le DCB est toujours dans ces bacs, ce qui pose évidemment des problèmes de sécurité. Mais la direction s'en lave les mains, comptant sans doute sur les pouvoirs publics pour les prendre en charge.

De même, la direction se lave les mains du sort des salariés et des conséquences sociales de la fermeture du site pour la région. Les premières victimes ont été les salariés sous-traitants, qui n'ont pas tous retrouvé du travail dans d'autres usines. Pour les 250salariés employés par Polimeri, la direction prévoit un plan social minable, avec 30 reclassements à... Dunkerque, des préretraites au rabais et la création d'un vague espace mobilité-emploi. Pour les salariés, cela ne fait pas le compte, de la part d'un groupe qui appartient à un des plus riches trusts d'Europe. ENI, comme Total en France, bat tous les trimestres ses records de profits: dix milliards de bénéfices en 2005, +25% pour le premier trimestre 2006.

Pour l'instant, les salariés sont toujours payés, au moins jusqu'à fin juillet. Mais comme le disent certains: c'est le plan social qu'ils nous paient de cette façon. Alors, depuis plusieurs mois, les salariés se battent sur tous les fronts. Depuis le 30septembre 2005, ils se réunissent en assemblée générale chaque jeudi, avec un minimum de 120salariés présents. Ils assurent eux-mêmes la sécurité du site, assurant les postes de surveillance des installations vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils participent avec dynamisme à toutes les manifestations ouvrières de la région, ont fait de multiples opérations d'information de la population le long de la nationale bordant l'usine, ont été voir les salariés des usines chimiques voisines de Rhodia et Arkéma, qui subissent eux aussi des réductions d'effectifs de la part de groupes tout aussi bénéficiaires. Les syndicats contestent aussi devant les tribunaux les raisons de la fermeture et avancent des projets de reprise dont ENI n'a que faire.

En tout cas, les salariés de Polimeri font montre de beaucoup de combativité, toute la région les connaît et ils sont bien décidés à vendre leur peau le plus chèrement possible, face à ces patrons qui ferment une usine comme on claque la porte de son réfrigérateur.

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