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Dans les entreprises
Coliposte – Aix-Marseille : Postiers en grève
Depuis le mardi 9 mai, les trois agences de Coliposte de Marseille et Aix, chargées de la distribution des colis, sont en grève et 90% des 130 employés de la région sont dans ce mouvement.
Ce conflit a démarré pour défendre des postiers mis en cause par la direction de La Poste. Mais, en toile de fond, ce sont les mauvaises conditions de travail qui sont en cause.
En période normale, le nombre de colis distribués par facteur est de l'ordre de 100, voire 140 par tournée. Le manque de personnel est constant et les erreurs d'affectation liées à ce trafic élevé sont fréquentes: un colis d'une tournée peut très bien être dirigé sur une autre. Et c'est là, à partir de ces erreurs, que la direction de Coliposte, par le biais de la police et de la justice, essaie de prendre des sanctions.
Un agent a ainsi vu la police arriver chez lui, fouiller, lui mettre les menottes, avant de le blanchir peu de temps après. Mais La Poste a maintenu la mise à pied de l'agent et son passage devant le conseil de discipline. Un autre, mis à pied aussi, n'aurait pas dénoncé un sous-traitant qui détournait des colis, ce qu'il ignorait totalement.
Le conflit est donc parti des sanctions qui touchent des agents. Mais ce qui est en cause, ce sont ces détestables conditions de travail, ce manque permanent de personnel, les absences qu'il faut compenser en travaillant plus et plus vite. Les grévistes demandent la création d'au moins cinq emplois afin de compenser le manque d'agents.
L'argent ne manque pas et, si Coliposte dégage de confortables bénéfices, c'est au détriment des postiers.
D'ailleurs, quand le grand patron de Coliposte était venu à l'agence d'Aix-en-Provence, il avait tout de suite annoncé la couleur. Il ne pouvait pas du tout augmenter les salaires, disait-il, ou améliorer les conditions de travail, car il venait d'investir pour mettre en place deux plates-formes automatisées de tri colis qui coûtaient la modique somme de 25 millions d'euros chacune... et qui permettraient d'augmenter les cadences de travail.
La Poste avait pratiquement supprimé le «colis éco», qui était distribué cinq jours après son dépôt au guichet, pour le remplacer par le «colissimo», distribué deux jours après. Elle avait prévu une augmentation de 10% d'envois et a eu une augmentation de 70%, cela sans que les embauches suivent. La direction de La Poste n'a pas cessé de demander des efforts à ses agents qui travaillent 42 heures, six jours sur sept, avec en plus des heures supplémentaires. Au bout de quatre semaines de travail intensif, ils ont une semaine de congé en RTT.
Après ces semaines de grève des trois agences, Aix, Marseille-la Valbarelle et Marseille-Centre, la direction de La Poste continue à louvoyer en soufflant le chaud et le froid. Elle multiplie les entrevues avec les grévistes sans rien leur céder. Mais la grève continue et on apprenait lundi 29 mai que la plate-forme colis de Cavaillon, qui dessert toute une partie de la région jusqu'à Nice, s'était mise en grève elle aussi, ainsi qu'une agence de Clermont-Ferrand.