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Leur société
Reconduites à la frontière : À Mayotte
Mayotte, seule île de l'archipel des Comores a être restée française au lendemain de l'indépendances, possède un niveau de vie très supérieur aux trois autres îles de l'archipel. De ce fait, elle est devenue un pôle d'attraction pour de nombreux habitants des autres îles, qui n'hésitent pas à braver sur des embarcations de fortune, les kwasa kwasas, le passage de nuit depuis l'île d'Anjouan.
Aujourd'hui, à Mayotte, on recense 160000 habitants dont 50000 étrangers, essentiellement d'origine comorienne, pour la plupart sans papiers.
De Girardin à Baroin, les deux derniers ministres de l'Outre-mer, en passant par Sarkozy, c'est à qui, au gouvernement, parlera le plus fort de «lutte contre l'immigration clandestine» à Mayotte. Pour l'année 2006, le ministère de l'Intérieur a fixé à 12000 le nombre souhaité de reconduites à la frontière, soit une quarantaine par jour. Dans les faits, cela se traduit par de véritables rafles policières. Des battues sont organisées par des groupes xénophobes pour traquer les «clandestins», soupçonnés de vouloir profiter du système de soins ou de vouloir accoucher dans les hôpitaux de l'île pour que leur enfant bénéficie de la nationalité française.
Les enfants de ces immigrés sont parmi les principales victimes de cette politique. Selon le Réseau éducation sans frontière île de Mayotte (RESFIM), la préfecture délivre en principe des titres de séjour aux jeunes majeurs scolarisés, à condition qu'ils puissent apporter la preuve d'au moins cinq années de présence sur l'île. Ceux qui ne peuvent apporter cette preuve ou qui sont scolarisés depuis moins de cinq ans n'ont aucune possibilité d'être régularisés. Par ailleurs, plusieurs centaines d'enfants étrangers ne sont pas scolarisés, parce que certaines mairies ou des directeurs d'école multiplient les obstacles et les intimidations, pour dissuader les parents d'origine étrangère d'inscrire leurs enfants. Les enseignants de ce réseau dénoncent également la «recrudescence alarmante des jeunes isolés, leurs parents ayant été reconduits à la frontière».
Cette situation s'inscrit dans la logique de la politique prônée par Baroin, qui se déclarait récemment prêt à remettre en cause «le droit du sol» pour tous ceux qui, vivant dans les territoires d'outre-mer, voudraient acquérir la nationalité française. Pour Mayotte, il se vantait même d'envisager «la règle de régularité du séjour des parents comme condition pour l'accès ultérieur des enfants à la nationalité française».
Histoire de flatter les pires préjugés xénophobes, et de jeter de l'huile sur le feu des tensions entre les communautés!