- Accueil
- Lutte ouvrière n°1972
- Auchel (Pas-de-Calais) : Fermeture du dernier peignage
Dans les entreprises
Auchel (Pas-de-Calais) : Fermeture du dernier peignage
Le peignage «Auchelaine» d'Auchel, dans le Pas-de-Calais, appartenant au groupe Dewavrin, a fermé vendredi 12 mai. Après de multiples plans de licenciements, les derniers 124 salariés ont été jetés dehors, sur décision arbitraire d'une riche famille du textile, dont plusieurs membres sont toujours au palmarès des fortunes de France.
Depuis 1998, les plans sociaux se succèdent et bien des anciens licenciés n'ont pas retrouvé de travail, car le chômage est très important dans cette petite ville de l'ex-bassin minier et dans la région.
Ce peignage avait été inauguré dans le cadre de la reconversion des mines en 1965. La famille Dewavrin, propriétaire, avait eu de nombreuses aides pour s'installer. Il y avait plus de 500 salariés. Les instituteurs faisaient visiter aux enfants cette usine moderne, où travaillaient souvent le père et le fils.
L'exploitation y a toujours été très forte, les salaires bas, les conditions de travail dures: les ouvriers travaillaient en cinq équipes, 7 jours sur 7. Ces dernières années, le patron avait instauré la «polycompétence» et la charge de travail augmentait constamment, pour les ouvriers qui restaient après chaque plan de licenciements. Enfin cette année, avant de partir, le patron a fait un énorme chantage à la production: à la mi-mars, il proposait une prime de productivité si la production de laine atteignait des records malgré des conditions dégradées: 25000 euros pour 44 tonnes par jour jusqu'à la fermeture. Cette prime s'ajouterait à la prime de licenciement.
Finalement aujourd'hui, comme une moyenne de 42 tonnes a été faite, cette prime devrait être de 21000 euros brut et versée en trois fois.
Le groupe Dewavrin est toujours le premier fabricant de laine peignée en Europe et le numéro un mondial du mohair. En 2002, le groupe a ouvert une usine en Bulgarie. Il ferme Auchel et continue d'exploiter d'autres ouvriers ailleurs, comme le font les autres patrons du textile: entre 2002 et 2004, ils ont supprimé plus de 1400 emplois dans le Pas-de-Calais et 31 usines ont été fermées.
Derrière Dewavrin à Auchel, il reste des familles entières au chômage et, en plus, des terrains pollués qui seront probablement à la charge des communes. Pourtant, ces profiteurs ont largement de quoi payer, et les salaires des ouvriers, et la dépollution.