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- Lutte ouvrière n°1971
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Leur société
Non à la nouvelle loi contre les immigrés!
Sarkozy, ministre de l'Intérieur et surtout futur candidat à l'élection présidentielle, a présenté son projet de loi sur l'immigration le 2mai à l'Assemblée nationale. Avec cette nouvelle loi, il entend charmer l'électorat le plus réactionnaire, celui qui se laisse tenter par le vote à l'extrême droite.
Le projet de loi actuel pourrait se trouver encore aggravé par des députés de l'UMP, eux aussi en mal de réélection et qui veulent montrer leur sollicitude à cet électorat réactionnaire. Sarkozy leur en a laissé le loisir, avec certaines limites néanmoins, qui sont celles des attentes des patrons qui veulent pouvoir disposer, s'ils le veulent, d'une main-d'oeuvre venue d'autres pays aux meilleures conditions d'exploitation.
Car, au-delà de toutes les mesures vexatoires et discriminatoires envers les travailleurs immigrés, Sarkozy a tenu à réaffirmer, par son mot d'ordre «d'immigration choisie», que ce gouvernement, comme ceux qui l'ont précédé, fera d'abord ce que le patronat lui dira de faire.
Les principales mesures qui vont peser sur les travailleurs immigrés sont les suivantes:
- La délivrance d'un titre régulier de séjour sera obligatoirement liée à l'obtention préalable d'un visa de long séjour par les consulats français dans les pays d'origine des travailleurs immigrés. De plus, la régularisation de la situation des immigrés au bout de dix ans de séjour en France, à condition de pouvoir le prouver, ne sera plus possible, du moins «automatiquement».
- Il y a ensuite toute une série de mesures qui visent à s'en prendre à la possibilité pour les travailleurs, pourtant régulièrement installés en France, de pouvoir faire venir leur famille auprès d'eux. Délai porté de douze à dix-huit mois avant de pouvoir faire une demande en ce sens. Limitation de délivrance des cartes de séjour pour motif de «vie privée et familiale».
- Et puis il y a toutes les mesures qui visent à restreindre les possibilités offertes par le mariage. Ainsi celui-ci ne donnera pas droit à un titre de séjour pour le conjoint étranger. Il lui faudra au préalable bénéficier d'un visa de long séjour délivré par les consulats, ce qui veut dire qu'il devra d'abord retourner dans son pays d'origine, avec le risque bien réel de se voir alors refuser le retour en France. Et, pour bénéficier d'une carte de résident de dix ans, le conjoint devra prouver sa vie commune et sa résidence continue pour une période de trois ans.
- Enfin, le travailleur immigré, ayant un emploi, qui a pu surmonter tous les obstacles, devra encore affronter les barrages des autorités qui pourront vérifier «s'il est bien intégré», avant de lui délivrer un titre de séjour de dix ans.
Toutes ces mesures feront qu'il y aura toujours plus de travailleurs sans papiers, qui dépendront totalement du bon vouloir de leurs employeurs.
Faire que les travailleurs immigrés aient les mêmes droits et les mêmes garanties que les autres salariés, c'est non seulement une exigence minimum d'équité, mais c'est aussi la meilleure protection contre les appétits des grands patrons et de leurs sous-traitants, qui à travers une concurrence sauvage entre les travailleurs visent à s'attaquer aux droits, aux conditions d'emploi et de salaires de tous les travailleurs.
Alors oui, plus que jamais, il n'y a qu'une seule classe ouvrière, avec des intérêts liés de façon indissociable.
Non à toutes les lois contre les immigrés.