La ministre déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, s'est donné beaucoup de mal, ces derniers mois, pour essayer de faire croire que l'armée française en Côte-d'Ivoire a pour objectif, non de défendre les intérêts des grandes firmes et de l'État français, mais «d'assurer la sécurité de la population» et «d'apaiser les tensions» entre les forces rebelles et celles fidèles au dictateur Laurent Gbagbo. Ancienne puissance coloniale, la France n'a jamais quitté le pays et elle entend bien y rester, quel que soit le camp qui, à terme, s'imposera.

C'est certainement là une des raisons qui ont conduit Girardin à quitter Abidjan, la capitale économique, pour se rendre aussi à Man, la grande ville de l'ouest du pays, dans le secteur contrôlé par les forces rebelles. À cette occasion, la ministre a multiplié les déclarations affirmant que la France était là en «amie», qu'elle avait, en substance, des «intentions pacifiques», voire des «intentions humanitaires»! Et de citer les réalisation des parachutistes français: une pompe à eau dans un village. Elle-même a fait l'aumône de quelques milliers d'euros à une école endommagée par les combats. Et voilà comment, d'un coup de baguette magique, on tente de transformer une troupe d'occupation de plusieurs milliers d'hommes armés... en champions de l'humanitaire, brandissant pelles et pioches! Mais qui Girardin entend-elle tromper? En tout cas pas la population ivoirienne.