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États-Unis : En réponse à un projet de loi anti-immigrants, Un 1er Mai sans immigrés!
Ce 1er mai, les organisations nord-américaines de défense des immigrés ont appelé à une "journée sans immigrés" bien suivie dans la communauté hispanique qui, avec ses 40 millions de personnes, représente la principale communauté immigrée, soit 14% de la population des États-Unis.
Cet appel à ne pas aller travailler, à ne pas se rendre à l'école, à ne rien consommer et à se joindre aux manifestations, entendait montrer le poids économique des immigrés dans la société américaine. À Los Angeles par exemple, des centaines de milliers de personnes ont manifesté et 27% de la population scolaire a séché les cours.
Cette manifestation fait suite aux manifestations des 25mars et 10avril, qui réclamaient la régularisation des travailleurs sans papiers.
À l'origine, il y a un projet de loi extrêmement répressif contre l'immigration illégale adopté par la Chambre des représentants. Il prévoit la construction d'un mur de 1000 km à la frontière mexicaine, censé "sécuriser" la frontière, une criminalisation plus grande des clandestins ainsi que de ceux qui, se souvenant que les États-Unis sont nés de l'immigration, entendent leur porter assistance. Ce projet de loi est pour le moment bloqué au Sénat américain.
Mais cette réforme présente une autre face, qui pourrait conduire à un jeu de dupes pour les associations de défense des immigrés. En effet il envisage une sorte de statut semi-légal des immigrants, agrémenté de toutes sortes de limites et qui, en quelque sorte, régulariserait la situation des patrons qui embauchent des travailleurs clandestins -dans la version américaine de l'"immigration choisie", Bush parle de "travailleurs invités"- sans que les travailleurs concernés soient entièrement régularisés. Or, sans régularisation effective, un travailleur immigré qui cherche à se défendre risque l'expulsion.
Autant dire que le projet de loi profiterait d'abord aux patrons des secteurs de l'agriculture, du vêtement, de l'alimentation, du meuble, de la construction, de l'entretien, des hôtels et restaurants, tous grands consommateurs comme ici de main-d'oeuvre immigrée, et pas aux travailleurs immigrés eux-mêmes qui, comme tous les sans-papiers d'ici, aspirent à une régularisation de leur situation. "Ils travaillent dur, ils dépensent beaucoup d'argent ici, ils paient leurs impôts, ils paient leur loyer, comme tout le monde, mais ils sont privés de leurs droits", dénonçait une manifestante de 62 ans, elle-même venue du Mexique il y a quarante ans.
Mais c'est ce que ni les politiciens américains ni le patronat n'ont pour l'instant l'intention de réaliser. Les patrons veulent continuer d'exploiter les immigrants à moindre coût et en faisant pression sur les salaires des autres travailleurs, en profitant d'une situation précaire que le projet de loi entend finalement perpétuer. Les politiciens, eux, veulent flatter l'électorat réactionnaire, dont la fraction la plus obtuse n'hésite pas à l'occasion à prêter main-forte à la police contre les clandestins.
Les travailleurs américains, eux, auraient tout intérêt à la régularisation des immigrants, car elle supprimerait une division entre les travailleurs et les rendrait tous plus forts pour affronter ensemble leurs exploiteurs. C'est ce qu'il faudrait imposer.