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- Lutte ouvrière n°1970
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Bobigny (Seine-Saint-Denis) : Mobilisation contre l'expulsion d'une lycéenne
Achiatou Fané, 19 ans, est élève au lycée professionnel André-Sabatier de Bobigny, en CAP. Elle est originaire du Mali et sans papiers, la préfecture de Seine-Saint-Denis refusant de la régulariser depuis des années. Dans l'après-midi du mercredi 26 avril, elle s'est fait arrêter au cours d'un contrôle de billets dans les transports en commun. Sans billet ni papiers, elle a été aussitôt transférée dans un commissariat des Hauts-de-Seine, département où elle a été contrôlée, restant toute la nuit sans même l'autorisation de passer par elle-même un coup de fil.
Le lendemain, les enseignants du lycée ont appris qu'il était question de la conduire au centre de rétention de Roissy, dans l'attente du premier avion en partance pour Bamako. Après avoir contacté la presse et le maire de Bobigny (au PCF), nous avons décidé à la quasi-unanimité de débrayer, accompagnés des élèves, pour aller manifester notre colère et notre détermination à ne pas laisser faire cette expulsion. Un car mis à notre disposition par la mairie nous attendait... c'est le proviseur qui nous a empêchés de sortir en laissant fermées les grilles du lycée! Et c'est là que nous avons appris la décision du commissariat d'Antony de laisser repartir Achiatou chez elle avec un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière d'ici sept jours. C'était une première petite victoire, due à notre mobilisation ainsi qu'à celle des élus alertés.
Plus tard dans la journée, prévenus par le maire de Bobigny de la venue du ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag, nous avons envoyé une délégation pour l'interpeller et lui demander d'intervenir en faveur d'Achiatou; le ministre a alors répondu qu'il verrait ce qu'il peut faire. D'après le Parisien du 29 avril, il aurait demandé à la préfecture de Seine-Saint-Denis de traiter le dossier "avec humanité et bienveillance".
Nous avons dès le lendemain déposé un recours contre l'arrêté d'expulsion, sur lequel mardi 2 mai le tribunal administratif de Versailles a statué en faveur de l'élève, lui permettant de passer ses examens, mais lui expliquant qu'il lui serait certainement impossible d'avoir des papiers lui permettant de poursuivre ses études ici. Nous restons mobilisés et avons constitué avec des élèves un collectif de soutien pour préparer les prochaines manifestations vers la préfecture de Bobigny, où nous avons fait une demande d'audience.
Nous savons que notre mobilisation pourra seule permettre d'obtenir pour Achiatou une véritable carte de séjour lui permettant de faire, comme elle le souhaite, sa vie ici. Nous ne nous contenterons pas d'un répit d'un mois, qui ne servirait qu'à étouffer la mobilisation en attendant l'arrivée des congés d'été. Pour les élèves sans papiers, la seule manière de traiter les dossiers "avec humanité et bienveillance", c'est de tous les régulariser!