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- Lutte ouvrière n°1969
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Grande-Bretagne : PSA supprime 2300 emplois à l’usine de Ryton sur l’autel du profit
Le groupe PSA a annoncé le 18 avril la fermeture de son usine de Ryton, en Angleterre, et donc la suppression de 2300emplois. Mais contrairement aux commentaires cherchant à opposer les travailleurs britanniques et les travailleurs français, c'est une même politique de PSA qui vise les uns et les autres.
La flexibilité n'a pas de frontières
Peugeot a acquis, en 1978, l'usine de production de Ryton, près de Coventry. En 1997, PSA était le premier constructeur automobile à introduire la flexibilité en Grande-Bretagne. En France, dans les usines de production, la flexibilité, les gains de productivité, les emplois précaires ont permis à PSA d'augmenter ses profits au détriment des emplois stables. C'est pour cela que les ouvriers d'ici se sont sentis concernés et menacés par l'annonce de la fermeture de Ryton, disant: «Nous ne sommes pas à l'abri nous aussi.»
D'ailleurs, avec la flexibilité, l'annualisation du temps de travail et les emplois précaires, ce sont des milliers d'emplois d'ouvriers embauchés que PSA a supprimés depuis 1999, en France, en ne remplaçant pas les départs en retraite ou préretraite et en licenciant, sans indemnité ni préavis, des milliers d'ouvriers intérimaires et CDD en fonction des fluctuations de sa propre économie de marché. Et puis, PSA a aussi fermé des usines à Lille, Dijon, Saint-Etienne, etc., tout comme les sous-traitants dont PSA est l'actionnaire majoritaire.
C'est le capitalisme qui ruine la société
Les propos du PDG de PSA, invoquant un surcoût de production de 400euros par voiture à Ryton pour justifier sa décision de fermer l'usine, alors qu'il a engrangé près de 10milliards d'euros de profits depuis 1999, n'abusent personne.
Comment pourrait-il en être autrement alors que ce même PDG vantait il y a peu les records de ventes de voitures de PSA et ce, pour la dixième année consécutive (elles ont quasiment doublé en 10ans). Dans les usines de PSA, en France, les ouvriers n'approuvent pas la décision prise contre les travailleurs de Ryton. Ils sont conscients que leur propre sort, comme celui que PSA réserve aux travailleurs anglais, à ceux des usines des pays de l'Est et dans le monde, ne repose que sur la recherche des profits pour une poignée de parasites au détriment de tous.
Les ouvriers de Ryton ont fait face eux-mêmes
En 2000, l'usine de Ryton comptait 3500 travailleurs et tournait 7jours sur 7. Mais en voulant obliger ceux de l'équipe du VSD (vendredi, samedi, dimanche) à venir aussi le lundi, Peugeot a eu affaire à la colère des travailleurs de Ryton qui, à l'époque, avaient voté à 86% la grève illimitée. Ils ne purent bloquer la production de l'usine que deux jours du fait des manoeuvres des appareils syndicaux.
En 2002, PSA a voulu réduire les salaires réels à Ryton alors qu'il avait empoché pas moins de 20millions d'euros d'aides de l'État britannique. Mais les travailleurs refusèrent et des grèves tournantes eurent lieu. Néanmoins, les leaders syndicaux crièrent «victoire» parce qu'en échange de la baisse des salaires exigée par PSA, ils prétendaient avoir arraché «de haute lutte» la promesse d'une équipe de nuit qui, selon eux, garantirait l'avenir de l'usine!
Sauf qu'en réalité, sans cette troisième équipe, puis la mise en place d'une quatrième, l'usine de Ryton n'aurait jamais pu fournir la demande des 206 haut de gamme. L'usine comptait alors 4500travailleurs.
Fin 2003, Peugeot décréta que l'équipe de nuit devait partir. Une fois de plus les débrayages qui s'ensuivirent furent bradés par les appareils syndicaux: pour «sauver l'emploi» et garantir à Ryton la charge de construire la future 207, les travailleurs durent consentir à une réduction d'horaire, et surtout de salaires. Ce qui n'empêcha pas Peugeot de revenir à la charge six mois plus tard en supprimant les 700 postes de nuit.
L'année suivante, en mars 2005, ce fut au tour des 700postes de l'équipe VSD de tomber sous le couperet. Sous prétexte d'une baisse de 9% du chiffre d'affaires de l'usine, PSA réduisait ainsi les postes de production de 20%! et imposait ces suppressions d'emplois en expliquant que les ouvriers devaient les accepter s'ils voulaient que Ryton soit choisi pour produire la future 207. Les leaders syndicaux se contentèrent alors de clamer qu'ils n'accepteraient aucun licenciement mais, en fait, leurs préoccupations étaient surtout qu'aucune grève ne vienne ternir la campagne électorale du Parti Travailliste.
Aujourd'hui, tout comme son homologue Jospin, lors de la fermeture de l'usine de Renault Vilvorde en 1997, Blair, en bon serviteur du capital, a déclaré ne pas vouloir intervenir contre la décision de PSA de fermer l'usine de Ryton. Mais les ouvriers de Ryton ont montré par le passé qu'ils avaient su, eux-mêmes, s'opposer aux attaques de PSA. Alors, ils n'ont peut-être pas encore dit leur dernier mot.