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Dans le monde
My Tailor is rich...
Le constat fait par l'Institut français de la mode (IFM) est édifiant, un peu plus d'un an après que l'Union européenne a levé les quotas d'importation sur les textiles.
Les habits, T-shirts, sous-vêtements "made in China" ont déferlé sur le marché au point que magasins spécialisés et hypermarchés en regorgent. Cela, c'était prévu. En revanche, les consommateurs n'ont pas vu arriver les fortes baisses de prix qui, leur avait-on fait miroiter, devaient accompagner la déferlante textile venue d'Asie. Et cela c'était, sinon prévu, du moins prévisible.
Ainsi, l'Observatoire économique de l'IFM rapporte que, pour des produits tels que les T-shirts, qui coûtent trois fois moins cher à la sortie d'usine en Asie qu'en Europe occidentale, les prix de vente grand public n'ont baissé que de 2,1% en moyenne en France! Mieux, si l'on peut dire, de grands magasins tels que Le Printemps ou les Galeries Lafayette en ont profité pour relever leurs prix de 1,4% en moyenne, et de 3,3% s'agissant de grandes chaînes de l'habillement comme H&M, Zara, Promod, Mango, etc.
Cette année encore, 3000 emplois supplémentaires auraient été supprimés dans l'industrie textile en France. Les travailleurs du textile ne cessent d'en faire les frais. Mais pas les gros industriels français du textile, dont l'union patronale vantait récemment les succès à l'exportation (eh oui!), ainsi que la place dominante sur le segment des textiles à haute valeur ajoutée: luxe, textiles "techniques" pour l'industrie, la médecine, etc.
Qu'il exporte des textiles de luxe ou commercialise des vêtements produits par des prolétaires asiatiques recevant des salaires de misère, le tissu que préfère le patronat est celui dont sont faites ses propres poches: plus il est résistant, plus il peut les remplir...