Le PS et l'emploi des jeunes : Des propositions qui épargnent le patronat05/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1966.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PS et l'emploi des jeunes : Des propositions qui épargnent le patronat

Les dirigeants du PS ont été réveillés par la jeunesse. Les voilà contraints de préciser -mais le mot est fort- leurs propositions concernant l'emploi des jeunes. Et comme ils sont plusieurs sur la ligne de départ pour la course à l'Élysée, chacun y va de sa formule. Cela n'est pas fait pour rendre ces projets plus clairs.

François Hollande propose un "contrat sécurité formation" qu'il destine "aux 20% de jeunes qui sont loin du marché du travail". Cela devient pour Laurent Fabius la création "d'emplois sécurité insertion". Selon lui, "l'entrée dans le dispositif garantira une rémunération". Mais qu'entend-il par "rémunération"? Pourquoi évite-t-il de parler de salaire? Quant aux entreprises qui accueilleront ces jeunes, elles bénéficieraient d'une aide financière sous forme d'exonération de charges. C'est une vieille habitude!

Dans le même registre, Strauss-Kahn propose un "contrat de transition vers l'emploi", financé là encore par l'État, pour les jeunes peu qualifiés. Seule différence, si c'en est une: aux exonérations de charges patronales Strauss-Kahn préfère, pour les entreprises qui accepteraient d'embaucher des jeunes, des ristournes importantes sur l'impôt sur les sociétés.

Martine Aubry défend, quant à elle, une "entrée dans la vie active", dont les initiales donnent "Eva", formule qui allouerait une indemnisation mensuelle aux chômeurs jeunes, appelée "allocation d'autonomie", dont le montant n'a pas été fixé, mais qui varierait avec l'âge du jeune et le revenu des parents: un RMI jeune, en quelque sorte, bien que l'ancienne ministre du Travail de Jospin récuse ce terme. De plus, le jeune ainsi assisté aurait des "devoirs" lui imposant de suivre une formation, de rechercher une insertion. Mais cette bonne fée socialiste n'indique pas comment imposer aux patrons d'embaucher, s'ils n'en éprouvent pas le besoin et s'ils n'y trouvent pas d'intérêt.

Ségolène Royal se déclare favorable à des "emplois-tremplin".

Reconnaissons à ces prétendants socialistes de l'imagination verbale, même si au bout du compte elle se réduit grosso modo à une même recette. Hollande déclare que, "pour créer des emplois, il faut l'activité économique la plus forte". Pour Aubry, "le préalable, c'est de créer les conditions d'une croissance créatrice d'emplois". Et quand ils parlent de contrats pour des jeunes non qualifiés, il s'agit de contrats particuliers, qui n'impliquent ni un vrai salaire, ni une embauche avec un véritable CDI.

Pour inventer des formules de contrats précaires, les dirigeants du PS en connaissent un rayon. La liste est longue de ceux qu'ils ont mis en place, contrats aidés qui ne donnaient ni un vrai travail, ni un vrai salaire. Mais pour obliger à embaucher vraiment avec des contrats stables et des salaires corrects, il faudrait qu'ils aient la volonté de s'en prendre au patronat, à ses intérêts et à ses profits, c'est-à-dire qu'ils aient le souci de défendre véritablement les intérêts du monde du travail, qui comprend les sans-emploi comme ceux qu'épuisent des horaires déments, des cadences trop élevées, des charges de travail trop lourdes, et qui aspirent à voir leurs entreprises embaucher.

Attendre des dirigeants socialistes qu'ils osent s'attaquer demain au "mur d'argent", au pouvoir des financiers et des gros actionnaires, ce serait se leurrer. Car ce qui est remarquable aujourd'hui, c'est que ces dirigeants, dans leur diversité, n'essayent même pas de faire croire qu'ils le feront.

Partager