CRAMIF : Suppressions de postes, restructurations et dégradation de la protection sociale05/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1966.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CRAMIF : Suppressions de postes, restructurations et dégradation de la protection sociale

La direction de la Sécurité sociale vient d'annoncer plusieurs milliers de suppressions d'emplois dans la branche maladie dans les quatre années qui viennent. Cela s'ajoute aux précédentes réductions: 3200 emplois ont été supprimés en 2004. Cela s'ajoute aussi aux suppressions d'emplois qui ont lieu dans la branche famille et dans les organismes de retraite et de recouvrement.

L'objectif déclaré est de supprimer un maximum de postes. La direction va profiter des 11000 départs en retraite, sur les 85000 salariés de la branche maladie, pour ne pas remplacer les partants. Officiellement, un départ sur trois n'est pas et ne sera pas remplacé. Dans la réalité ce chiffre est largement dépassé. Dans bon nombre d'endroits même, aucun remplacement n'a lieu.

Ces suppressions d'emplois s'accompagnent d'un vaste plan de réorganisation de l'assurance-maladie. Il consiste à regrouper les centres, à centraliser des travaux communs à différents organismes et à remplacer des tâches qui nécessitent un contact physique par des contacts via des plates-formes téléphoniques.

Une partie du personnel qui dépend de la Cramif (Caisse régionale de l'assurance-maladie de l'Ile-de-France) travaille au service médical et au service social dans des bâtiments communs avec les centres de paiement des Caisses primaires. Lorsqu'il y a réorganisation des Caisses primaires, ils suivent donc. Ainsi, en Ile-de-France il y a eu 22 regroupements de centres en 2005. Il y en aura 27 en 2006.

Par exemple, le service médical de Meaux, la première ville de Seine-et-Marne par le nombre d'habitants, a été supprimé, et le personnel regroupé à Coulommiers, soit 70km aller et retour. Les premières conséquences sont bien sûr pour les assurés sociaux, qui doivent se déplacer. Mais c'est la même chose pour le personnel qui y travaille.

Le service médical d'Ile-de-France, qui occupait 1863employés en 2003, a perdu 158emplois en deux ans par non-remplacement. Parallèlement à la montée en puissance de toutes les mesures du plan de réforme de la Sécurité sociale (parcours de soins, contrôle des arrêts maladie et des affections de longue durée), ces regroupements et ces suppressions d'emplois entraînent des conditions de travail aggravées. Une grève de tous ces centres a eu lieu en 2005, avec manifestation de près de 200 secrétaires médicales au siège.

Au service social, où travaillent 400 assistantes sociales et 150 secrétaires, on assiste au même phénomène. La direction demande au personnel d'être plus flexible, de se déplacer d'un centre à l'autre pour aider.

Dernière mesure en date, la Caisse nationale d'assurance- maladie (Cnam) veut imposer au service social de relayer les plates-formes téléphoniques, ce qui modifie complètement la façon de travailler. L'expérimentation est tentée dans le Val-d'Oise.

Jusqu'à présent, l'essentiel du travail des assistantes sociales est de recevoir les assurés qui ont des problèmes ou de leur rendre visite à domicile. Si elles deviennent des relais de plates-formes téléphoniques, cela signifie qu'elles ne feront que du renseignement à distance et de la distribution d'aides financières... du moins tant qu'il restera de quoi les payer dans les budgets.

Pour le moment, cette mesure n'est pas entrée en vigueur car, à la mi-février 2006, 200 assistantes sociales ont fait grève et sont venues manifester très bruyamment au siège de la Cramif.

Ces différentes manifestations qui touchent l'Ile-de-France ne sont pas isolées. Fin 2005, 900 employés de Sécurité sociale de la région Nord-Pas-de-Calais, touchés par des projets identiques de réorganisation, sont venus manifester à Paris devant la Cnam. Ils devaient recommencer le jeudi 6 avril.

Les employés de la Sécurité sociale n'acceptent pas d'être bougés comme des pions, de voir leurs revenus baisser par le renchérissement des coûts de transport et leurs conditions de travail se dégrader au fil des ans. Ils s'indignent aussi face aux conséquences de ces réorganisations pour la population. En effet les principales victimes en sont bien sûr les assurés sociaux, majoritairement des travailleurs. Car pour les plus fragiles d'entre eux, résoudre les problèmes quotidiens liés à la Sécurité sociale sera de plus en plus difficile.

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