La direction des Cristalleries de Baccarat, où près de 95% des 600 salariés étaient en grève pour réclamer 150 euros d'augmentation mensuelle pour tous, avait assigné 22 grévistes en référé, vendredi 24 mars. Le prétexte invoqué était qu'ils auraient bloqué toutes les issues, et que cela lui interdisait de monter le stand de 300 mètres carrés qu'elle avait loué très cher à la foire de Bâle.

Ce jour-là, après dix jours de grève, les travailleurs, partagés, avaient voté la reprise du travail, à 60% contre 40%. À 11 heures, au tribunal d'instance de Nancy, tandis que la direction répétait que toutes les issues étaient bloquées, les avocats des grévistes ont fait la démonstration que des passages étaient restés libres. Pourtant, dans son jugement, le tribunal a donné raison à la direction! L'intersyndicale a fait appel, considérant qu'un tel jugement était une menace pour le droit de grève.

Lundi 27 mars, le travail a repris. Le protocole de fin de grève prévoit que les salaires ouvriers seront augmentés d'environ 52 euros net pour les plus bas, à environ 35 euros pour les moins bas (rappelons que si les travailleurs revendiquaient 150 euros, la direction proposait dix fois moins). Les Etam seront augmentés de 1,5% et une augmentation de 0,5% est annoncée pour septembre. Par ailleurs, il n'y aura pas de représailles contre les grévistes et les volontaires pourront récupérer les jours de la deuxième semaine de grève en heures supplémentaires.

La reprise a eu lieu la tête haute. Comme le disait un gréviste: "Les braises sont encore chaudes..."