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Dans les entreprises
Réforme de l'Inspection du travail : Un projet contre les salariés
Réunis en "états généraux" les 21 et 22 mars, les inspecteurs du travail entendent protester contre la réforme de leur profession mise en chantier par le ministre du Travail, Gérard Larcher.
Ils dénoncent le fait que, de plus en plus, les employeurs, surtout ceux des petites et moyennes entreprises, passent outre au code du travail et ne font aucun cas des rappels à l'ordre effectués par l'inspection du travail. "Le nombre d'agressions et de procédures engagées contre des agents de contrôle est exponentiel." Depuis fin 2004 et l'assassinat par un agriculteur de Dordogne d'une inspectrice et d'un contrôleur du travail venus vérifier les conditions de travail de ses salariés saisonniers, rien n'a été fait pour renforcer le corps des inspecteurs du travail. Comme l'un d'eux le notait, "désormais, les inspecteurs font leur boulot avec une réelle appréhension".
D'ici à 2010, le gouvernement annonce la création de 240 postes d'inspecteurs ainsi que 420 postes de contrôleurs du travail. Ils s'ajouteront aux 1 400 inspecteurs qui existent actuellement et qui sont chargés du contrôle... d'un million et demi d'entreprises employant quinze millions de salariés. Compte tenu de la tâche à accomplir, leurs syndicats protestent contre l'insuffisance du nombre et des moyens dont ils disposent. Aujourd'hui, ils soulignent que l'augmentation programmée des effectifs reste très insuffisante.
Dans le même temps, le gouvernement annonce la création, dès le mois de juin prochain, d'un service central destiné à chapeauter l'ensemble de l'Inspection du travail, considérée comme "trop proche des salariés", et veut désormais mieux définir les priorités d'intervention des inspecteurs et contrôleurs. En particulier, il s'agirait de les contraindre à participer à la chasse au travail au noir, à la chasse aussi aux travailleurs sans papiers, un rôle de policiers que les inspecteurs du travail refusent à juste titre d'assumer. Ces dispositions, qui s'accompagnent de la nomination, à la tête de l'école formant les inspecteurs et contrôleurs du travail, d'une représentante du patronat, renforcent leur inquiétude. En effet la décision du gouvernement de placer une directrice des ressources humaines de chez Dassault Systèmes, qui cumulera cette fonction avec celle qu'elle assumera à la tête de l'école, est tout un symbole sur la façon dont le gouvernement et le patronat entendent que les inspecteurs du travail exercent leur métier.
Le gouvernement est en train de tailler dans le code du travail pour rogner sur les quelques protections des salariés qu'il contient. Cela va de pair avec l'affaiblissement des pouvoirs des inspecteurs du travail. Il n'est donc pas question de les encourager à exercer des contrôles et des rappels à l'ordre contestant la façon dont les patrons font prendre des risques à leurs salariés, en matière de santé et de sécurité, ni pour les contraindre à être plus respectueux de la vie de ceux qu'ils exploitent.
Les inspecteurs du travail entendent protester contre une politique gouvernementale qui vise à les dessaisir de leurs pouvoirs. Mais, au-delà d'eux, les attaques du gouvernement visent l'ensemble des travailleurs.