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Dans les entreprises
Gates - Nevers : Grève pour l'augmentation des salaires
Pour les salaires 2006, la direction de Gates-Nevers, où 230personnes produisent des courroies essentiellement pour Peugeot, proposait 32 euros brut, soit 27 euros net. Pour elle, c'était son dernier prix, elle ne pouvait pas faire plus, les "négociations" étaient closes après deux réunions. Pour essayer de faire passer la pilule, elle ajoutait un bonus de 50 euros au 1er mai et la prime qualité-absentéisme de 75euros par trimestre. Pour certains délégués, c'était mieux que rien.
Mais pour nous, le compte n'y était pas du tout. Personne ne voulait discuter des primes que la direction pouvait donner. La revendication de tous, c'était 50euros net par mois d'augmentation des salaires.
Il fallut un premier débrayage de deux heures, le mardi matin 14 mars, pour que la direction, comme par miracle et bien qu'elle se plaigne d'être en plein audit, promette une nouvelle réunion sur les salaires l'après-midi. L'équipe du soir, à son tour, débraya deux heures. Mais l'après-midi, la réunion promise fut reportée au lendemain, après celle du Comité d'entreprise. Cela déclencha la colère. Mercredi matin15 mars, constatant le manque de parole de la direction qui laissait passer le temps, une bonne quarantaine de travailleurs montèrent envahir le CE pour dire leur mécontentement. Et, la direction ne voulant rien entendre, la grève était votée à main levée et la revendication adoptée: 50 euros par mois sur les salaires. Les travailleurs de l'équipe du soir, mis au courant des événements, décidaient de rejoindre la grève, suivis par ceux de nuit. La grève s'organisa, avec abris de jardin pour les repas et feu de palettes contre le froid.
Jeudi 16 mars, la grève continuait. La direction, visiblement inquiète, faisait de nouvelles propositions: 40 euros brut d'augmentation, le bonus au 1er mai porté à 160 euros. Et, pour essayer de nous amadouer, elle promettait que la participation serait cette année plus importante que l'an dernier.
Mais nous, nous n'étions pas en grève pour des primes, que la direction peut mettre à sa sauce comme elle veut, mais pour 50 euros net par mois. Finalement le lendemain, voyant que la grève continuait, la direction proposait 44 euros net par mois pour les salaires inférieurs à 1230 euros et 32 euros net pour les autres, le bonus étant porté à 170 euros.
Beaucoup constataient que, après avoir essayé de nous intimider, la direction tentait de nous diviser, alors la grève continuait.
Mais la direction, en même temps, continuait son chantage à la perte de clients, nous accusant de vouloir la mort de la boîte et de mettre en péril les emplois des travailleurs d'Euro Auto Hose (l'atelier des Tuyaux qu'elle a vendu il y a quelques années), car le magasin -commun aux deux ateliers et en grève- était toujours bloqué.
Malgré des pressions pour un vote à bulletins secrets, il était décidé de continuer comme depuis le début, à main levée. Finalement, c'est tous ensemble, après discussion entre camarades des trois équipes, que la décision de reprise du travail était prise. À minuit, la grève était suspendue.
Après ces trois jours, même si ce n'est pas la victoire totale, notre détermination a permis d'obtenir plus que ce que la direction mettait au départ. Elle nous a en tout cas bien démontré que, si nous voulions nous faire entendre, ce que nous avons fait était la chose à faire. Et des liens se sont créés, des camarades que nous n'attendions pas étaient là devant les grilles. Et tout cela, c'est une première aux Courroies.