Depuis mardi 14 mars, la production des Cristalleries de Baccarat (plus de 600 salariés) est en grève à près de 95% à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Sud. Les grévistes revendiquent 150 euros net mensuels pour tous, l'embauche en CDI des intérimaires (une soixantaine en moyenne sur l'année) et le rapatriement de la sous-traitance. L'usine est bloquée par un piquet.

Il y a peu, la direction avait fixé comme objectif un chiffre d'affaires de 130 millions d'euros. L'objectif a été atteint, et les travailleurs s'attendaient à toucher de l'intéressement. Mais, contrairement à l'habitude, ils n'ont rien eu, tandis que les primes versées aux cadres atteignaient parfois 10000 ou 15000euros.

Samedi 18, une délégation a manifesté à Raon-l'Étape avec d'autres entreprises du secteur, aux côtés des jeunes mobilisés contre le CPE. Le lundi 20, devant la détermination des travailleurs, la direction est venue proposer de rencontrer les organisations syndicales. Ce jour-là au matin, un petit tour de grosse caisse dans les ateliers a permis d'augmenter le nombre des grévistes. L'après-midi, des copies de feuilles de paye étaient apposées sur les vitrines du magasin de l'usine. Les touristes déambulant dans le centre de la ville, au milieu des boutiques de cristal, pouvaient ainsi contempler une feuille de paye de 1211 euros (primes comprises) pour 28 ans d'ancienneté; derrière, dans la vitrine, un petit vase était proposé à 1030 euros.

Mardi 21 mars, la grève continuait. Il y a toujours autant de monde au piquet. La direction a besoin de sa production... mais plus rien ne sort.