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Dans le monde
Sénégal : Explosion de colère dans les universités
Les étudiants de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, se sont mis en grève pendant près de deux semaines, depuis la mi-février. Ils ont été aussitôt suivis par ceux de l'université Gaston Berger de Saint-Louis, la seconde ville du pays.
Grèves et manifestations ont tourné à l'émeute, notamment à cause de la violente répression du gouvernement d'Abdoulaye Wade.
À l'origine de cette grève, il y a des vers trouvés dans les repas servis dans deux restaurants de l'université Cheikh Anta Diop! La colère a été immédiate. Les délégués étudiants sont allés vérifier les stocks de nourriture dans les magasins des restaurants et, là, ils ont découverts des kilos de viande pourrie! Ils ont aussitôt ramassé les paquets de "viande" afin de les exposer dans la rue au regard de tous. Exaspérés par le mépris des autorités universitaires, qui avaient donné en gestion les restaurants à des hommes d'affaires véreux, les étudiants ont brûlé plusieurs véhicules et mis à sac des magasins.
La répression policière a été d'une rare violence. Le gouvernement a interdit tout rassemblement. La police a occupé le campus, poursuivi les étudiants grévistes jusque dans les chambres; en voulant leur échapper un étudiant s'est gravement blessé en sautant d'un étage. Près de quatre-vingts étudiants ont été brutalement interpellés. Dix ont été gravement blessés. Les mêmes scènes de violences se sont renouvelées à l'université de Saint-Louis, où les manifestations de soutien aux étudiants dakarois ont été dispersées à coups de gaz lacrymogène.
De retour de Paris où il était allé voir son ami Chirac, le président Wade a jeté de l'huile sur le feu en affirmant que les étudiants étaient "manipulés" "par la main de l'étranger, via les partis politiques". À l'entendre, les grèves profiteraient... "aux ennemis" du Sénégal! Mais la répression et les calomnies gouvernementales n'ont pas réussi à entamer la détermination du mouvement de grève, qui a duré plus d'une dizaine de jours.
Face à cette colère amplement justifiée, le gouvernement a été contraint de relâcher les étudiants emprisonnés, tandis que le Centre des oeuvres universitaires a dû retirer leur licence aux gérants véreux.