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Autriche - Carinthie : Fin de la coalition extrême droite-SPÖ
Les socialistes (SPÖ) du Land de Carinthie ont mis fin à la coalition qui les liait à l'extrême droite majoritaire, emmenée par Jörg Haider. Ce Land alpestre est le fief de cet individu connu pour ses déclarations antisémites et favorables à Hitler, ou pour son actuelle démagogie xénophobe, notamment contre les Slovènes.
En mars 2004, quelques jours après que des élections ont donné 42% des voix à l'extrême droite, Ambrozy, le dirigeant régional socialiste du SPÖ, annonça son alliance avec Haider. Cela s'étant fait lors d'un apéritif autour d'un chianti, le nom de "coalition chianti" lui resta. Haider restait à la tête de la Carinthie, tandis qu'Ambrozy devenait vice-président. Les deux partis se partageaient les postes à la direction du Land, renvoyant les chrétiens conservateurs et les Verts dans l'opposition. Il y eut bien quelques réactions gênées à la direction nationale du SPÖ, mais à aucun moment il ne fut question pour elle de se séparer des socialistes de Carinthie. La coalition fut même justifiée du côté socialiste par une prétendue "volonté de contrôler Haider" et de pouvoir "influencer activement" l'administration du Land de Carinthie.
Ce petit monde, où se mêlaient allègrement socialistes et extrême droite, s'entendit donc à merveille. Il y eut bien des points de friction, comme par exemple celui concernant la nomination du directeur de l'aéroport régional ou le versement de subventions à un théâtre. Par contre, sur des questions plus importantes, l'entente fut des plus cordiales. Ce fut notamment le cas à propos du chômage, qui augmente en Carinthie comme dans le reste de l'Autriche, tout comme à propos des déclarations de Haider contre les Slovènes, une minorité nationale présente depuis des siècles en Carinthie.
Il y a quelque temps, Haider s'était fièrement fait photographier installant un panneau de circulation sans sa traduction slovène, ce qui, dans cette région, est contraire à la Constitution. Mais ce geste provocateur n'entraîna pas plus de réactions de la part des socialistes.
Finalement, c'est en fait sur un problème somme toute mineur, de distribution d'une allocation familiale, que les socialistes ont mis fin à la coalition. Ce n'était évidemment qu'un prétexte. La raison de cette soudaine rupture est plutôt à rechercher dans la proximité des élections législatives, qui doivent avoir lieu à l'automne prochain et au terme desquelles devra se faire la désignation du futur chancelier. Justement, le principal opposant au chancelier actuel est le socialiste Gusenbauer, pour qui la compromission de son parti avec Haider en Carinthie était jugée trop lourde à porter, tout au moins en période électorale.
Après les élections, bien sûr, bien des combinaisons politiques pourront s'échafauder, y compris avec l'extrême droite. Les socialistes du SPÖ n'en seraient d'ailleurs pas à leur première tentative: de 1984 à 1986, ils avaient gouverné le pays avec le FPÖ, d'où est issu Haider.