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Leur société
Loi sur la recherche : Ça ne fait pas le compte
Les chercheurs ont manifesté et fait grève mardi 28 février, jour où les députés ont entamé l'examen d'un nouveau projet de loi sur la recherche.
En fait, cette nouvelle loi se voulait une réponse aux chercheurs, mécontents à juste titre du sort qui est fait depuis des années à la recherche, en manque de tout: postes, crédits, moyens... En janvier 2004, la grande majorité des chercheurs avait déjà manifesté, provoqué des réunions, lancé de multiples pétitions pour réclamer un changement de politique dans ce domaine.
À l'époque, le gouvernement de Raffarin leur avait promis une loi, puis les avait lanternés pendant deux ans. En novembre dernier, Chirac avait présenté un projet qui montrait, d'après ses dires, que «la nation consentait des efforts sans précédent en faveur de la recherche». Dans les faits, les chercheurs, en particulier le collectif Sauvons la recherche né en 2004, soulignent l'inconsistance de cette loi en matière de recherche publique, en pointant même ses effets néfastes.
D'abord, les chiffres annoncés par le gouvernement correspondraient à une augmentation du budget de la recherche limitée à environ 2% par an (hors inflation) d'ici à 2010, dans un pays où l'augmentation du PIB est du même ordre de grandeur. Pour «l'effort sans précédent» de Chirac, ça ne fait pas lourd. Ensuite, l'effort financier se concentre sur le soutien à la recherche privée, c'est-à-dire aux entreprises: par le biais des «pôles de compétitivité» mis en place par Villepin, par l'intermédiaire de l'ANR, l'Agence nationale de la recherche, nouvelle officine publique dotée de quelques milliards d'euros, et chargée de les distribuer à des partenaires privés. Ou encore par de nouveaux dégrèvements d'impôts pour les sociétés, le Crédit impôt recherche.
Pour l'emploi, le projet vise à amplifier le poids relatif de l'emploi précaire, puisque l'Agence nationale de la recherche sera chargée de délivrer environ 10000 CDD de 18 mois.
Ce projet de loi faisait mine de répondre aux préoccupations des chercheurs. En réalité, il n'y a quasiment rien pour la recherche publique, celles des universités et des organismes publics de recherche. Quelques milliards d'euros supplémentaires pour les entreprises du privé, une précarisation accrue pour les futurs chercheurs, voilà en résumé «l'effort sans précédent».