Dans le monde
Italie
"Le viol moins grave... quand la personne n'est pas vierge"!
Une des plus récentes décisions de la Cour de cassation italienne touche au sordide. En effet elle a accordé à un homme jugé coupable du viol d'une adolescente des circonstances atténuantes, en estimant que le fait était moins grave car... la victime n'était plus vierge!
Les cinq magistrats de la plus haute instance juridique italienne qui ont rendu ce verdict sont évidemment des hommes. L'auteur du viol, un homme d'une quarantaine d'années, avait saisi cette instance après avoir été condamné, en 2001, à une peine de trois ans et quatre mois de réclusion pour avoir imposé, sous la menace, une relation orale à la fille de sa compagne, une adolescente de 14 ans.
En 2003, une précédente demande de remise de peine lui avait été refusée, prenant en compte le "développement harmonieux de la vie sexuelle de la victime". La Cour de cassation aurait pu poursuivre dans cette voie, en considérant non seulement la jeunesse de la victime, mais aussi le fait que le violeur ait ainsi usé, et même abusé, de son autorité dans le cercle familial. Mais pas du tout, les juges ont considéré l'âge de la jeune fille comme une circonstance aggravante... pour elle! Ils ont estimé en effet que, "du point de vue sexuel, elle était beaucoup plus développée que ce qu'on peut attendre normalement d'une fille de son âge". C.q.f.d., l'abus sexuel était donc moins grave!
Si les conclusions auxquelles sont parvenus ces juges sont pour le moins choquantes, on y retrouve finalement une variante de l'argument qui a toujours servi d'alibi aux violeurs poursuivis par la justice, dans n'importe quel pays, selon lequel la fille violée l'aurait bien cherché et mériterait donc son sort. Hier, elle était aguicheuse ou portait la minijupe. Voilà maintenant les adolescentes trop précoces!
La décision a provoqué des protestations et des réactions de colère, notamment de diverses personnalités et aussi de mouvements féministes. En attendant, grâce à cette décision scandaleuse, le violeur pourrait bénéficier d'une remise de peine. Sauf si la magistrature prenait en compte le tollé et trouvait le moyen de sauver la face.