CPE, CNE, précarité : Il faut contraindre le gouvernement à reculer!16/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1959.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

CPE, CNE, précarité : Il faut contraindre le gouvernement à reculer!

L'adoption de la loi qui officialise le contrat première embauche n'a pas arrêté les manifestations de protestation.

Ceux qui, jeunes ou salariés, continuent à manifester contre les contrats première et nouvelles embauches et contre la précarité ont raison. Ces contrats ne créeront pas un emploi de plus car les patrons n'embauchent, même sous un contrat précaire, que les salariés dont ils ont besoin. Mais ces nouveaux contrats leur donnent la possibilité d'embaucher avec une période d'essai de deux ans. Pendant tout ce temps, les patrons peuvent mettre à la porte leur nouvel embauché à n'importe quel moment, sans motif, c'est-à-dire sans raison. C'est un cadeau de plus au patronat. C'est une attaque de plus contre les travailleurs. Cela fragilise la situation de nouvelles catégories de salariés et affaiblit donc un peu plus le monde du travail.

Les confédérations syndicales appellent à une «journée de mobilisation» pour le 7 mars. Il faut que l'opposition aux mesures gouvernementales s'amplifie. Ce qu'un gouvernement antiouvrier a décidé, il peut le retirer sous la pression de la rue. Balladur, lorsqu'il était Premier ministre, avait tenté en son temps d'imposer une sorte de smic-jeune plus mal payé que le smic normal. Bien que sa loi eût été votée par une Assemblée complaisante, les réactions des jeunes à la signature du décret d'application et les manifestations avaient obligé le gouvernement Balladur à reculer.

Il faut tout faire pour qu'il en soit de même cette fois-ci. Lutte Ouvrière appelle à participer à toutes les manifestations contre le CPE et le CNE. Les appels déjà lancés par des organisations de jeunesse pour les jours à venir l'ont été en direction des facultés et des lycées. Mais l'ensemble des travailleurs est concerné. La mobilisation des jeunes peut contribuer à ce que la journée du 7 mars soit massivement suivie. Il faut montrer au gouvernement et au patronat que la dernière en date de leurs attaques contre les droits des travailleurs est l'attaque de trop. C'est aussi la meilleure façon de convaincre les organisations syndicales de ne pas s'arrêter le 7 mars et de proposer des actions jusqu'à ce que le gouvernement soit contraint de faire marche arrière.

La généralisation de la précarité ne date certes ni du contrat première embauche ni du contrat nouvelles embauches qui l'a précédé. Mais ces nouveaux contrats officialisent la précarité, l'un pour les moins de 26 ans, l'autre pour les entreprises de moins de 20salariés. Et le patronat voudrait pouvoir les généraliser à tous. Si on les laisse faire, ils le feront.

Depuis un quart de siècle, sous prétexte d'inciter les patrons à créer des emplois, tous les gouvernements se sont ingéniés à inventer de nouvelles catégories d'emplois précaires, de stages mal payés ou pas payés du tout. Toutes les grandes entreprises ont recours au travail intérimaire, sans respecter les quelques limites légales à son utilisation. L'État-patron n'est pas le dernier à fouler aux pieds, depuis des années, le code du travail en employant des milliers de contractuels, d'auxiliaires, toute une variété de contrats précaires aussi bien dans l'enseignement qu'à La Poste, dans la fonction publique comme dans les hôpitaux. Patronat et gouvernement sont en train de transformer la précarité d'exception en règle pour un nombre croissant de salariés. Et la précarité, ce n'est pas seulement l'insécurité de l'emploi, cela signifie aussi, dans la plupart des cas, des salaires dérisoires ou irréguliers. Voilà comment on pousse le monde du travail vers la pauvreté.

Il ne faut pas accepter cela. Les contrats première embauche et nouvelles embauches doivent être retirés. Il faut mettre fin à toutes les formes de contrats précaires, aux temps partiels imposés avec des paies qui ne permettent pas de vivre. Il faut transformer les contrats précaires en emplois stables. Chacun doit avoir un emploi, avec un salaire correct.

Depuis des années, l'offensive est continue contre le monde du travail. L'arrêter devient vital!

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 13 février

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