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Leur société
Chèque emploi-service universel : Usagers ou fournisseurs, lesquels sont le mieux servis?
Le chèque emploi-service universel, CESU, qui existe officiellement depuis début janvier, a reçu un gros coup de publicité avec le lancement du plan Borloo pour les «services à la personne».
Remplaçant d'autres systèmes du même type, il permet à des particuliers de payer, sans trop de formalités, toutes sortes de services: de la garde d'enfants à l'entretien de la maison, de la préparation des repas à l'assistance aux personnes âgées, du soutien scolaire au jardinage en passant par le gardiennage temporaire d'un domicile.
La «potion-miracle»de Borloo
Ces chèques seront diffusés par les établissements bancaires ayant signé une convention avec l'État. Comme dans les systèmes précédents, les particuliers qui les utiliseront pourront déduire de leurs impôts 50% des dépenses engagées, dans la limite de 12000 euros par an.
Mais il existera aussi un CESU préfinancé. Il fonctionnera un peu comme le chèque restaurant; payé en partie par le patron, en partie par le salarié, il permettra à ce dernier de rémunérer par exemple son aide ménagère ou sa garde d'enfants. Pour inciter le patron à consacrer une partie de ses fonds à cette dépense «sociale», l'État lui permet de déduire de ses impôts 25% de la somme qu'il aura consacrée à ces CESU, dans la limite de 500000 euros par an.
Borloo présente son plan, et le CESU en particulier, comme le remède miracle -encore un!- qui créera 500000 emplois dans les trois ans à venir. Il présente son Agence nationale des services à la personne, créée en juillet 2005, comme l'instrument qui permettra de faciliter l'accès des particuliers à des services de qualité et d'améliorer le statut des salariés des secteurs concernés, qui sont souvent employés à temps partiel pour des salaires très bas. Bref, usagers et employés ne pourraient qu'y trouver leur compte.
Un marché porteur...
Certes, la demande de services à domicile s'accroît, qu'elle concerne les enfants ou, surtout, les personnes âgées. «Le marché est porteur», comme le disent les économistes. Jusqu'à présent, les usagers cherchaient de l'aide, un peu au petit bonheur, auprès de toutes sortes d'associations ou des collectivités locales, aux moyens très divers et souvent assez aléatoires. Ils pouvaient aussi recourir à des officines privées qui prolifèrent dans l'aide aux devoirs par exemple, mais qui se sont aussi développées peu à peu dans d'autres secteurs. L'Agence nationale «Borloo» prétend mettre de l'ordre dans tout cela à travers des «enseignes nationales» qui recenseront les demandeurs et les fournisseurs d'aide. Mais on trouve derrière ces enseignes, qui se constituent peu à peu, des mutuelles (MAIF, MACIF, MGEN) mais aussi les groupes Accor, Sodexho, le Crédit agricole, bref, des gens dont le dévouement à la société n'est sûrement pas la motivation principale!
...et un recul continu des services publics
Le problème est réel: on peut, sans être totalement handicapé, avoir besoin d'une aide ponctuelle pour une démarche administrative, ou simplement pour se promener; on peut, sans être dépendant, être suffisamment âgé pour préférer se faire véhiculer pour aller dans un magasin, ou pour avoir besoin d'une aide ménagère ponctuelle. Tous ces services qui devraient être assurés par la collectivité comme «services publics», l'État s'en décharge; il s'en est longtemps remis à des associations dont une grande partie continuera à exister, comme le feront les services des collectivités locales (garderies, crèches municipales...) Mais devant l'accroissement de la demande et puisqu'il y a un marché, le gouvernement a fait son choix: d'un côté il laisse la place à des entreprises privées qui la prendront dans la mesure où cela leur rapportera, tandis que, de l'autre côté, par le biais des réductions d'impôts, on verra baisser les ressources de l'État qui devraient pourtant financer ce genre de services.