Faute de subventions, la bibliothèque pour enfants de la ville de Clamart, dans les Hauts-de-Seine, va devoir fermer ses portes à la fin de l'année.

Cette bibliothèque de l'association La joie par les livres avait été créée par des fonds privés en 1965, avant d'être reprise par l'État en 1972.

Implantée au coeur d'une ZEP, cette petite structure de proximité accueille des enfants issus de milieu populaire, qui ne vont pas spontanément vers la lecture, difficulté accrue lorsque les parents sont analphabètes. En plus, les installations multimédia, l'accès libre à internet sont une aide pour les devoirs des plus grands. En 2005, elle comptait 600 inscrits. C'est dire le succès de cette expérience qui a servi de modèle dans le monde entier.

Le prétexte invoqué pour demander sa fermeture consiste en des «raisons de sécurité». Mais, à supposer que cela soit le cas, pourquoi le ministère de la Culture ne pourrait-il pas financer les travaux nécessaires à la sécurité, au lieu de s'en laver les mains? De toute façon, même avant ce prétexte, l'argent versé à La joie par les livres se faisait de plus en plus rare. La commune ne pouvait plus rétribuer que deux bibliothécaires (au lieu des quatorze personnes qui y travaillaient auparavant) et, pour 2005, la somme attribuée à l'achat des livres s'est montée à... 50 euros!

Pour le ministre de la Culture qui distribue les subsides, amener des enfants d'une ZEP de banlieue à apprécier les livres ne justifie pas un «financement national». Son collègue de l'Intérieur veut «nettoyer les cités au Kärcher». Donnedieu de Vabres, lui, commence le travail par les bibliothèques.