Mardi matin 31 janvier, à la distribution des feuilles de paie, les caristes ont découvert qu'ils n'étaient plus caristes mais «opérateurs polyvalents d'UEP cariste Logistique». Cela voulait dire qu'on pourrait leur demander de travailler à n'importe quel poste dans l'atelier. Tout de suite, la discussion a commencé: l'avis était unanime, il n'était pas question d'accepter! Ils se sentaient renforcés par le fait que ceux d'Aulnay avaient réussi à l'empêcher la semaine précédente. Rendez-vous était pris pour arrêter les cars et aller voir la direction.

À l'heure dite, les 22 caristes sont donc allés au service du personnel pour réclamer que leur qualification de cariste soit remise sur la feuille de paie. Là, un représentant de la direction a essayé de leur expliquer: c'est l'application des nouvelles normes de paie de la direction centrale, ils n'y pouvaient rien, et en plus cela ne changeait rien, etc. Alors, si ça ne changeait rien, pourquoi changer la feuille de paie?

Pendant ce temps-là, les grévistes stationnaient au service du personnel et au bout d'une heure, le manque de cars commençait à se faire sentir dans tous les ateliers. La direction finit par proposer un rendez-vous à tous les caristes, au même endroit le lendemain, pour la réponse.

Ainsi, ils ont repris le travail. Mais dès le soir, la direction envoyait à tous les chefs et aux syndicats un «mémo» annonçant que la qualification de «cariste» était rétablie sur la feuille de paie à partir de février. Ils n'avaient pas envie de voir les caristes débrayer une deuxième fois pour la réponse.

Le lendemain, le mémo photocopié a circulé dans tous les secteurs. La direction avait reculé. L'ambiance était bonne, chez les grévistes et, au-delà, chez tous les ouvriers pour qui c'était le premier mouvement depuis plusieurs années.