- Accueil
- Lutte ouvrière n°1957
- Logement social : C'est la loi SRU que l'UMP nettoie au Kärcher
Leur société
Logement social : C'est la loi SRU que l'UMP nettoie au Kärcher
Après les émeutes des banlieues, médias et politiciens avaient dénoncé les conditions qui avaient provoqué l'explosion. Parmi celles-ci, l'existence des "cités", ces ghettos pour les pauvres. Mais dénoncer c'est une chose, agir c'en est une autre, comme le montre la récente modification de la loi SRU.
Cette loi dite de Solidarité et Renouvellement Urbains est censée imposer la répartition partielle de l'habitat social (c'est-à-dire des HLM) entre les communes pauvres et les communes riches. Adoptée sous Jospin, en 2000, elle fait obligation à toutes les communes urbaines (de plus de 3500 habitants dans le pays et plus de 1500 habitants en région parisienne) d'avoir au minimum 20% de logements sociaux.
Certaines communes populaires comptent en effet 50% voire 60% de logements sociaux alors que d'autres comme Neuilly-sur-Seine, Saint-Maur ou Le Raincy n'en ont presque pas.
Si cette loi était appliquée partout, cela entraînerait la construction de plusieurs centaines de milliers de logements sociaux. Mais plus de 700 communes ne respectent pas cette loi. Et la plupart des maires des- dites communes (appuyés par les habitants aisés) cherchent à échapper aux contraintes de la loi SRU, lesquelles ne sont pourtant pas très sévères, car les autorités tiennent compte des "efforts" faits par les communes pour réaliser l'objectif. Ainsi Neuilly qui est passé de 1,3% à 2,6% de logements dits sociaux n'était passible jusqu'à présent d'aucune sanction (ce qui pourrait changer cette année). Mais s'il n'y a rien de fait les communes doivent payer 152 euros par an par logement manquant (somme qui peut être doublée dans certains cas). Ce qui n'est de toute façon pas bien cher.
Cependant une partie des maires et des députés de droite souhaitent l'abrogation de la loi SRU (le maire de Saint-Maur par exemple la réclame ouvertement), et du 24 au 26 janvier, l'Assemblée nationale a tenté de diminuer la portée de cette loi et y est parvenue en partie.
Une première tentative a fait long feu. Il s'agissait d'appliquer le quota des 20% au niveau non de chaque commune mais de l'intercommunalité. Ainsi, si Le Raincy, ville aisée, n'atteint pas les 20% ce n'est pas grave du moment que les communes qui l'entourent, elles, dépassent largement ce taux, car on aurait alors fait la moyenne.
Il s'agissait-là d'un véritable torpillage de la loi SRU. Un groupe de députés de l'UMP l'a tenté, mais le gouvernement s'étant déclaré contre, et l'Abbé Pierre étant ce jour-là dans les tribunes, l'Assemblée nationale a rejeté ce premier projet. Mais le 26 janvier, un second projet de modification de la loi SRU, proposé par l'UMP, a été adopté.
Il s'agit de faire entrer en ligne de compte dans les logements sociaux ceux qui sont "vendus et construits dans le cadre d'opération d'accession sociale à la propriété". Lorsque, par exemple, des sociétés d'HLM vendent des logements à leurs anciens locataires (ou à d'autres) il s'agit d'une "accession à la propriété"... "sociale" puisqu'on est dans le secteur des HLM. C'est bien évidemment un détournement de la notion de logement social, celui-ci étant précisément destiné en priorité à ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter un logement.
Grâce à cet artifice il sera plus facile à certaines municipalités d'atteindre le fameux quota, non pas en construisant des HLM locatifs, mais en vendant des logements dans le cadre d'opérations d'accession à la propriété, qualifiées de "sociales". Ce système offre en outre l'avantage, en y favorisant "l'accession à la propriété", de limiter la venue des pauvres dans les communes les plus riches.
Sarkozy parlait de nettoyer La Courneuve au Kärcher. Mais c'est la crasse sociale des plus riches qu'il faudrait nettoyer, à Neuilly, la ville dont il fut maire, et dans un certain nombre d'autres!