- Accueil
- Lutte ouvrière n°1957
- Entremont - Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) : "C'est autrement bon"... pour les actionnaires
Dans les entreprises
Entremont - Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) : "C'est autrement bon"... pour les actionnaires
Après la fermeture de l'usine Nazart à Fougères, c'est au tour de la laiterie Entremont de Saint-Méen-le-Grand d'être victime des restructurations dans l'industrie laitière d'Ille-et-Vilaine.
C'est le vendredi 6 janvier que les travailleurs de cette entreprise, à 30 km à l'ouest de Rennes, ont appris par la presse la fermeture de leur usine dans quelques mois. Ce site de production compte 170 personnes et la presse ne parle que de 74 reclassements possibles dans d'autres usines du groupe, dont l'usine voisine de Montauban- de-Bretagne (15 km). La direction, elle, parle de 173 postes supprimés, en y incluant la fermeture de l'atelier de Carhaix, dans le Finistère, concerné lui aussi par cette restructuration.
En fermant son usine de Saint-Méen, Entremont veut concentrer la production. L'usine de Montauban, récemment modernisée, ne tourne qu'à 70% de ses capacités. En y rapatriant le lait précédemment traité à Saint-Méen, elle tournera à 85%.
Filiale à 100% de la holding CNP (Compagnie Nationale à Portefeuille) détenue à 40% (18% directement et 22% via une société commune avec BNP-Paribas) par une grosse famille bourgeoise, la famille Frère, le groupe Entremont emploie 4000 personnes, dont 3650 en France. La CNP, de son côté, possède 5% du capital de Total et 7% du capital de Suez. Ses bénéfices, en hausse, étaient de 380 millions d'euros en 2003 et de 570 millions d'euros en 2004. En 2004, elle a distribué 298 millions d'euros de dividendes à ses actionnaires.
Pour ces gens-là, peu importe le sort des travailleurs qui perdront leur emploi, pas plus que les difficultés économiques que provoquera la fermeture d'une usine de cette importance pour la commune rurale de Saint-Méen-le-Grand! Celle-ci vient de se lancer dans la modernisation de la station d'épuration des eaux usées, justement pour satisfaire aux besoins croissants de l'usine Entremont dont les rejets devaient correspondre à 60% des eaux traitées par la station! Problèmes financiers, difficultés techniques pour le fonctionnement de la station, chômage, tels sont donc les dégâts possibles de ces décisions brutales qui n'ont pour objectif que d'accroître la fortune de grands bourgeois, qui se moquent comme d'une guigne du sort de la population dont elle aggrave la situation.
Cela n'empêche pas la CNP de participer depuis le début de l'année 2002 aux initiatives du Fonds Charles-Albert Frère dont le but est "l'aide aux personnes atteintes d'un handicap physique (...) et aux victimes de la pauvreté". Ces gens qui peuvent ruiner des communes et jeter les travailleurs à la rue se permettent ensuite d'avoir l'air charitable et se donnent bonne conscience en faisant l'aumône... à ceux que leur rapacité plonge dans la misère.