Le gouvernement annonce qu'il y aurait 19 300 demandeurs d'emploi en moins en décembre 2005, soit une baisse de 0,8% qui toucherait équitablement toutes les catégories: les jeunes, les chômeurs de longue durée et les hommes comme les femmes.

Ces chiffres viendraient confirmer la baisse continue du chômage depuis neuf mois, Borloo annonçant 178000 chômeurs en moins depuis avril 2005. Il y aurait donc aujourd'hui 2300000 chômeurs soit 9,5% de la population active. Bien sûr cette "réussite" serait à mettre à l'actif de Villepin qui avait proclamé que sa priorité était, depuis son arrivée à Matignon, de réussir là où ses prédécesseurs avaient échoué, à savoir diminuer le chômage.

Dans le même temps, l'ANPE se vante d'une augmentation des offres d'emplois de 17,3% en un an, avec environ 230000 propositions. Mais la moitié seulement de ces offres concernent des emplois dits "durables" dans le vocabulaire ANPE, c'est-à-dire de plus de six mois. Et ce sont les propositions d'emplois précaires, dont la durée ne dépassent pas six mois, voire même un mois, qui restent les plus nombreuses, avec près de 120000. On est déjà plus près de la réalité avec ces chiffres car tous les chômeurs savent bien que du travail il n'y en a guère et que le plus souvent, ce que leur propose l'ANPE ne suffit pas à vivre et à faire vivre une famille. De plus si l'ANPE se vante de ces 230000 offres d'emplois, cela rappelle simplement que puisqu'il y a officiellement 2300000 demandeurs d'emplois, elle n'a rien à proposer à plus de deux millions d'entre eux.

Devant les annonces triomphales du gouvernement et de l'ANPE, d'autres instituts comme l'INSEE s'interrogent sur la façon d'obtenir de tels résultats, et pointent du doigt les résultats de la "modification de la gestion administrative des chômeurs". En effet les ANPE, en appliquant les nouvelles mesures de contrôle des chômeurs mises en place depuis 2005, ont obtenu une progression spectaculaire de la sortie des fichiers pour "absence de contrôle". En 2005 près de 115000 chômeurs de plus ont été ainsi "sortis" des fichiers par rapport à 2004.

Cela fait longtemps déjà que, faute de s'attaquer aux vraies causes du chômage en interdisant les licenciements collectifs, les gouvernements successifs se sont chargés de manipuler les chiffres. Et Borloo aura bien du mal à nous convaincre que le chômage baisse alors qu'on voit de nombreuses entreprises, y compris celles qui font des bénéfices, licencier par charrettes des centaines de travailleurs et les réduire, eux et leurs familles, à la misère. C'est cela la vraie réalité du chômage, quoi qu'en disent les statistiques gouvernementales qui, en annonçant des chiffres en baisse, ne trompent personne.