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Pakistan : Colère contre un raid de la CIA
Un bombardement organisé le 13 janvier par les services de renseignement américains à l'aide d'avions télécommandés, des drones dits "Predators" armés de missiles, contre Damadola, un village du nord-ouest du Pakistan situé à proximité de la frontière afghane, a causé la mort d'au moins dix-huit habitants dont huit femmes et cinq enfants. L'objectif visé était, selon la chaîne de télévision CNN, le "numéro deux" d'Al-Qaïda, Ayman Al Zaouahri qui, selon les indications fournies à la CIA, était invité au village pour un dîner.
L'homme dont la tête est mise à prix par Bush ne figurait pas parmi les victimes, contrairement à l'annonce faite le jour même par CNN. Mais le raid meurtrier qui a pilonné le petit village pachtoune a provoqué la colère des habitants et a certainement intensifié encore le ressentiment de la population contre la présence américaine au Pakistan. Des milliers de personnes, dont de nombreux villageois pachtounes, ont manifesté dans le pays à la suite du bombardement, notamment à Karachi, la métropole de la côte sud du pays. Le gouvernement du dictateur militaire Moucharraf, allié des États-Unis, s'est même senti obligé de condamner le raid américain et de convoquer l'ambassadeur de Washington à Islamabad pour lui remettre une "protestation officielle". Geste qui ne dédouanera guère les services secrets pakistanais d'avoir vraisemblablement fourni des renseignements erronés à son homologue américain ni surtout le régime de soutenir la politique américaine dans la région et les fréquentes intrusions militaires des forces stationnées en Afghanistan dans cette zone frontalière pauvre. Huit autres personnes avaient déjà péri, une semaine auparavant, lors d'une opération militaire américaine dans un autre secteur frontalier.
Outre la misère que les périodes de guerre ont contribué à accentuer, les peuples de la région, du Pakistan, d'Afghanistan, du nord-ouest de l'Inde subissent en contrecoup la politique de l'impérialisme américain. Encourageant quand cela leur était utile le développement de groupes intégristes islamistes engagés dans la lutte contre l'occupation soviétique en Afghanistan, les États-Unis prétendent à présent combattre un "terrorisme" qu'ils ont eux-mêmes contribué à nourrir. Des opérations criminelles comme le raid sur le village pachtoune ne peuvent que renforcer la colère des habitants et probablement l'influence des intégristes qui se présentent comme les ennemis de Bush. Et une fois de plus, c'est la population qui paye le prix du sang.