Pour le Premier ministre, le contrat première embauche (CPE) proposé aux jeunes de moins de 26 ans n'est pas assimilable à un CDD, mais "c'est une entrée directe dans un emploi stable".

Partant de ce postulat, Villepin a donc demandé à son ministre de l'Économie, Thierry Breton, de "s'assurer très rapidement" que les banques considèrent elles aussi le CPE comme un CDI pour accorder des prêts, notamment en matière de logement. Il a aussi annoncé que le dispositif Locapass, qui permet d'étaler le paiement de la caution versée pour la location d'un logement, soit "systématiquement proposé lors de la signature d'un contrat première embauche".

La liste des bénéficiaires du Locapass est vaste: elle inclut les salariés en CDD ou en CDI, à temps complet ou partiel, les jeunes de moins de 30 ans à la recherche d'un premier emploi stable, les saisonniers, les étudiants, etc. Autrement dit, Villepin propose aux jeunes en CPE une offre d'aide... qu'ils pouvaient déjà obtenir. Mais avant de pouvoir en bénéficier, encore faut-il trouver un logement à louer. Dans le parc HLM, les listes d'attente sont tellement longues que c'est quasiment impossible. Quant aux propriétaires privés, ils ne louent pour la plupart qu'au vu d'une preuve que les candidats locataires ont un emploi stable et un salaire suffisamment élevé. Les nouveaux contrats précaires de deux ans que propose Villepin, même s'ils sont rebaptisés CDI, n'offrent aucune de ces garanties.

Breton peut toujours demander aux banques de considérer les CPE comme des CDI pour accorder des prêts. Rien ne les y oblige. Les salariés en contrat nouvelles embauches ont pu déjà expérimenter que, pour les banques comme pour les propriétaires de logement, ils n'étaient pas considérés comme ayant un emploi stable. Les discours sur les prétendues possibilités qu'offrent ces contrats aux nouveaux embauchés ne trompent personne, pas plus les salariés concernés que des institutions comme les banques.

Marianne LAMIRAL

Un paquet-cadeau

Comme le gouvernement en est coutumier, le beurre s'accompagne de l'argent du beurre. Non seulement le contrat première embauche offre au patronat une main-d'oeuvre précaire mais, en plus, les patrons sont gratifiés d'une exonération totale de leurs charges pendant trois ans pour tout contrat (CDI, CNE, CPE) signé au profit de jeunes de moins de 26 ans au chômage depuis plus de six mois.

Villepin a décrété 2006 "année utile", en tout cas elle sera utile... aux profits des patrons.