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Leur société
Face à l'offensive gouvernementale et patronale : Quelle riposte pour le monde du travail?
Précarité renforcée, licenciements facilités, voilà quelques-unes des dernières décisions du gouvernement. Et dans la foulée on nous annonce la préparation d'autres mesures du même genre. Mais si Villepin, ses ministres et Laurence Parisot, la présidente du Medef, font comme s'ils se croyaient tout permis, en face, les déclarations des dirigeants syndicaux sont loin d'être à la hauteur de la réponse à cette offensive.
Cette attaque en règle n'est qu'une continuation. Le "contrat première embauche" proposé aujourd'hui par Villepin, qui vise à généraliser la précarité et à faciliter les licenciements, ne fait que généraliser à tous les jeunes de moins de 26 ans le contrat nouvelle embauche annoncé en juin par le même Villepin. Et il ne faudra peut-être pas attendre longtemps, au train où vont les choses, pour que la revendication de la présidente du Medef de généraliser la mesure à tous les salariés sans exception, soit mise en oeuvre, et que le CDI ne soit plus qu'un souvenir.
Enfin, pour donner le ton et montrer au patronat ce que ses déclarations sur les salaires veulent dire, le gouvernement vient d'annoncer son intention de revaloriser les salaires de la Fonction publique de 0,5% sur l'année, ce qui revient à un quasi-blocage et à une nouvelle diminution du pouvoir d'achat.
Les dirigeants des grandes confédérations syndicales CGT, FO, CFDT et FSU ont certes tous protesté. Ceux de la Fonction publique appellent même à: " Réagir ensemble pour les salaires et la refonte de la grille indiciaire, par une journée d'actions, le jeudi 2 février 2006, dans l'ensemble de la Fonction publique". Mais on ne sait pas pour l'instant comment se traduira cette consigne.
Le 16 janvier Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, qui a la réputation d'être le syndicat le plus combatif, a rendu publique une déclaration où il proclame: "Une réaction unitaire s'impose", ajoutant que: " Les organisations CGT doivent se saisir d'ores et déjà de la journée du 31 janvier". Mais pour le moment, cette journée dite "d'action interprofessionnelle" n'a été présentée que de manière quasi confidentielle par la CGT elle-même, qui ne propose que des délégations, voire des simples réunions de syndiqués, pour discuter des revendications. Ce qui ne l'a pas empêché de la présenter comme "la suite au 4 octobre".
Et si Bernard Thibault parle de "réaction" qui "s'impose" aujourd'hui, cela ne l'a pas empêché en décembre de se féliciter que Villepin reprenne à son compte la revendication de la CGT sur une supposée "Sécurité sociale professionnelle", au moment même où le gouvernement restreignait une nouvelle fois les droits des chômeurs.
Ce double langage de protestation et d'appel à la concertation est permanent, de la part de la CGT certes, mais encore plus de la part des autres confédérations syndicales. Bien sûr, pour se faciliter la tâche, le patronat et le gouvernement comptent sur le chômage de masse et la démoralisation qu'il provoque dans la classe ouvrière. Mais l'attitude des confédérations syndicales alimente aussi à sa façon le doute des travailleurs sur leurs possibilités d'inverser le cours des choses.
Pour que les travailleurs reprennent confiance, il faudrait défendre devant eux un véritable plan de mobilisation appuyé sur un programme revendicatif capable de les unir autour de leurs objectifs communs, emploi et salaires. Mais au contraire, les journées d'action nationales organisées par les confédérations syndicales s'étalent au mieux tous les six mois, ôtant toute impression de suite, et tout est fait pour encourager par ailleurs des actions dispersées, les plus corporatistes possible.
Or, c'est pourtant bien une riposte d'ensemble des travailleurs qui s'impose, face à l'offensive tous azimuts menée par le gouvernement et le patronat. Et le rôle des directions syndicales, si elles voulaient être fidèles à leur mission, serait de la préparer.