De Robien et la violence scolaire : Surtout ne rien faire d'utile18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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De Robien et la violence scolaire : Surtout ne rien faire d'utile

Depuis l'agression d'une enseignante par un élève à Étampes le 16 décembre dernier, et celle d'un élève du lycée d'Ambert par un de ses camarades vendredi 13 janvier, deRobien continue de faire mine de s'intéresser au problème de la violence à l'école.

Le voici qui propose le rétablissement d'une note de conduite au collège ou encore qui encourage les enseignants se sentant menacés à porter plainte. C'est ce qu'il appelle apporter une "réponse collective" contre la violence à l'école. Ces riches idées viennent après d'autres du même genre, comme la proposition de créer dans les établissements à problèmes une permanence policière et juridique ou encore celle d'installer des portiques détecteurs de métaux.

Le problème de la violence à l'école dont les victimes sont en majorité les jeunes eux-mêmes, 78% (d'après des données de l'année scolaire 1998-1999), est pourtant un problème sérieux. D'après certaines statistiques concernant les actes de violences, qui vont des insultes graves aux agressions physiques, 80000 auraient été signalés dans le second degré pour l'année scolaire 2004-2005. Cela représenterait une hausse de 13% sur deux ans. D'après l'Observatoire de la violence à l'école, il y aurait une stabilisation depuis 1993. Le problème serait-il plus ou moins grave qu'il y a près de quinze ans? Il est bien difficile de tirer des conclusions de statistiques qui portent sur des faits signalés par l'administration: on sait que certains proviseurs hésitent à faire une "mauvaise publicité" à leur établissement, par exemple en faisant état d'incidents, ou que bien des élèves subissent les violences de leurs camarades sans le confier à qui que ce soit.

Mais il est certain que le problème existe. Et il est bien plus grave dans les établissements situés dans les quartiers et cités populaires: ainsi on constate que certains collèges et lycées concentrent la violence: 10% des collèges et des lycées signalent à eux seuls 50% des actes. La violence se concentre là où la précarité frappe. L'aggravation de la misère a bien évidemment des répercussions dans le système scolaire.

Même si le problème dépasse donc bien sûr le cadre de l'école, l'éducation pourrait tout au moins permettre de réduire le nombre de jeunes des milieux populaires à la dérive, de jeunes dont les réactions violentes, même si elles ne sont pas toutes aussi graves que celle du jeune d'Étampes, montrent, outre une grande instabilité, un manque total de repères et de sens, même élémentaire, de solidarité. Dans un rapport sur les violences sexuelles dans les établissement scolaires, datant de 2001, son auteur, rectrice de l'académie de Toulouse, citait même parmi d'autres propositions visant à lutter contre ces violences, une meilleure maîtrise de la langue: "Maîtriser la langue maternelle permet d'exprimer ses émotions et donc de mieux canaliser toute forme de violence." Le rapport soulignait ailleurs la nécessité d'un encadrement de qualité dès la maternelle: "C'est en offrant très tôt, dès la maternelle, aux jeunes enfants un cadre bienveillant et rigoureux d'autorité naturelle et souple et de règles affirmées et comprises qu'on leur permettra de libérer leurs capacités de se concentrer sur les apprentissages fondamentaux."

Bien des rapports vont dans le même sens que celui-ci et insistent sur l'importance de l'éducation pour lutter contre les comportements violents, et ce dès le plus jeune âge. Mais encore faut-il avoir les moyens pour une telle éducation, encore faut-il par conséquent créer les milliers de postes d'enseignants nécessaires, créer les petites structures scolaires indispensables pour remplacer les grandes concentrations de 900 élèves et parfois plus, créer les classes à petits effectifs, partout où cela est nécessaire.

De Robien sait tout cela. C'est en connaissance de cause qu'avec le gourvernement, il choisit de laisser la situation se détériorer dans les écoles des quartiers et cités populaires plutôt que débourser l'argent nécessaire.

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